28-05-21- des échanges du CREO Lengadòc avec le SNUDI-FO

Le courrier du SNUDI-FO

Chère collègue,
Je te remercie pour les mails que tu nous a adressés depuis quelques semaines et auxquels je prends enfin le temps de répondre, nos priorités allant, tu t’en doutes,  à la défense des droits, conditions de travail et acquis sociaux des collègues qui sont chaque jours un peu plus remis en cause par la politique d’austérité et de casse des services publics que nous inflige ce gouvernement.
Nous sommes une organisation syndicale et n’avons donc pas compétence, en tant que telle, pour nous positionner sur des choix d’ordre pédagogique.
Cependant, le SNUDI FO, tout comme sa fédération la FNEC FP FO, nourrit les plus vives inquiétudes quant aux politiques menées depuis plusieurs années à l’encontre de l’école Républicaine, à laquelle nous sommes profondément attachés, suite à la volonté farouche de certains d’imposer l’enseignement des langues régionales.
Notre syndicat a toujours défendu l’idée républicaine de l’enseignement d’une langue unique, le français, sur notre territoire. Cette défense de la langue française se justifie par l’idée d’une égalité citoyenne. Déroger à cette règle, c’est créer des particularismes, renforcer les inégalités.
Nous constatons par exemple que,  très fréquemment, dans les écoles où sont implantés des cursus occitan, on ne scolarise dans les autres classes du cursus dit  « classique » presque exclusivement que des enfants allophones ou en grandes difficultés scolaires. 
De plus, les tentatives institutionnelles de mise en place de cursus bilingue occitan dans certaines écoles de notre académie (notamment en Lozère) et de notre département (notamment à Saint Hippolyte du Fort)se font généralement de façon brutale, souvent contre l’avis des enseignants et sans demande réelle des parents. 
Nous pensons que l’instauration d’un tel climat conflictuel n’est pas favorable à l’amélioration des conditions de travail des élèves et des enseignants.
C’est pourquoi, notre organisation syndicale ne peut cautionner votre démarche même si, parmi nos adhérents ou militants, certains sont des défenseurs des langues régionales… mais dans leur sphère privée.
Bien cordialement.
Pascal Gasquet
secrétaire départemental du SNUDI FO et de la FNEC FP FO du Gard

Ma réponse, en tant que présidente du CREO Lengadòc

Cher collègue, tout ceci mériterait discussion, pour le moins, notamment le caractère excluant qu’il me semble que vous prêtez aux écoles publiques bilingues à parité horaire… Pour les deux que je connais, Francis-Garnier, à Mtp, où est scolarisée ma petite-fille, et Nelson-Mandela à Béziers, je puis vous assurer que les cursus bilingues y sont largement ouverts à tous les mômes qui vivent ici, quelle que soit leur origine.

Quant à la notion de « langue unique », que vous substituez (lapsus ?) à celle de « langue commune », je ne ferai pas de commentaire, je laisse nos collègues en tirer les conclusions qui s’imposent quant à votre vision d’une République qui me paraît un tout petit peu excluante de la diversité linguistique effective de ladite République (art. 75-1 de la Constitution).

C’est avec de telles conceptions, et avec toute la bonne foi du monde, que l’école de la République a sommé, au siècle dernier, les enfants de paysans de laisser à la porte de l’école leurs sabots crottés et la langue de la maison.

C’est avec les mêmes « bonnes » intentions que la même République, au lieu d’intégrer les enfants issus de l’immigration, en leur apprenant la langue commune tout en respectant leur culture d’origine, au lieu de les intégrer avec ce qu’ils apportent à la Nation, cherche à les assimiler (= rendre semblable) avec les résultats que l’on sait en termes de fracture sociale.

Je suis dans l’immédiat mobilisée pour la manif de demain à Sommières, mais je compte bien que nous reprenions ces échanges.

En attendant, je transmets votre courrier

– aux conseils d’administration du CREO Lengadòc et de la FELCO

– à nos collègues membres de votre syndicat.

Je vous prie de croire, cher collègue, à notre attachement au service public de l’Education nationale.

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