06-04-20 – Le CREO Lengadòc écrit à la présidente de Région

Madame la Présidente,

Dans ces moments difficiles pour notre pays et pour la Région que vous présidez, je me permets tout d’abord d’espérer que vos proches sont le moins affectés possible.

Je ne doute pas que, dans le cadre de vos responsabilités, vous saurez gérer au mieux cette situation inédite avec l’esprit d’humanité et de responsabilité dont vous faites preuve.

Je me permets cependant de revenir vers vous à propos de la situation de l’enseignement de l’occitan dans le service public.

Dans un premier temps, je voudrais vous remercier très chaleureusement, vous-même et les présidents de groupes de votre majorité, du vœu adopté le 5 mars dernier concernant l’enseignement public de l’occitan, dont nous avons informé l’ensemble de nos collègues et qui figure en bonne place sur notre site internet : http://www.felco-creo.org/05-03-20-un-voeu-concernant-lenseignement-de-loccitan-vote-a-lassemblee-pleniere-du-conseil-regional-occitanie/.

Ce soutien nous est particulièrement précieux dans l’académie de Montpellier qui souffre, plus que d’autres, de la succession de politiques rectorales de mépris ajoutées aux attaques ministérielles incessantes subies depuis 2004.

Une nouvelle rectrice, madame Sophie Béjean, a été nommée dans notre académie. Nous avons pris contact avec elle lors de son arrivée (vous trouverez en annexe la copie de notre courrier). Nous lui avons fait part de notre analyse de la situation de l’enseignement public de l’occitan, de ses carences, notamment en matière de suivi et de cohérence des cursus, de ses dégradations successives (diminution du nombre de personnels en poste dans le second degré de 56 à un peu plus de 30 en 15 ans, fermeture de nombreux sites en lycées et collèges).

Nous avons demandé que se signe enfin la convention additionnelle à la convention-cadre de janvier 2017 et que s’organise le Conseil académique des langues régionales, avec une régularité conforme aux textes.

Pour toutes ces questions, Madame la Présidente, nous avons besoin de votre soutien. Nous avons également besoin des élus régionaux qui sont aussi des élus de terrain, c’est la raison pour laquelle une copie de ce courrier sera adressée aux présidents des groupes de votre majorité, ainsi bien sûr qu’à Patric Roux, en charge de la question des langues régionales.

Madame la Présidente, nous connaissons votre attachement à notre région, à sa culture qui passe d’abord, selon nous, par sa langue, nous savons l’effort qui est fait pour cela par la Région que vous présidez dont nous ne donnerons que deux exemples : l’aide au CIRDOC, cet outil indispensable pour enseignants, élèves, et pour l’ensemble de la société et le projet Total Festum qui irrigue l’ensemble de nos territoires, qui en révèle les énergies créatrices et renforce la présence du spectacle vivant.

Les enseignants d’occitan du service public, les élèves qu’ils forment, les familles concernées ne vous demandent pas d’abord un investissement financier, ils vous demandent surtout un soutien politique : c’est à l’école publique que sont scolarisés l’immense majorité des enfants qui vivent ici, d’où qu’ils viennent. Ces enfants ont le droit de connaître la culture de la Région où ils vivent.

Nous avons besoin que nos élus affirment cette évidence auprès de nos autorités de tutelle ; Pour le CREO Lengadòc, le rectorat de Montpellier doit être le principal interlocuteur à interpeller.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions de croire, Madame la Présidente, à notre attachement au service public de l’Éducation nationale.

NB. Voir lettre au format PDF : 2004-06-Lettre CREO-Delga

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COPIE de la lettre du vendredi 13 février 2020 à Madame la Rectrice de l’Académie de Montpellier

Madame la Rectrice,

Le CREO Lengadòc, association représentative des enseignants d’occitan de d’éducation nationale de la maternelle à l’Université, vous souhaite la bienvenue dans notre académie.

Notre association entretient depuis sa création, il y a près de 40 ans, des rapports suivis avec les autorités rectorales dans le cadre d’audiences accordées par les recteurs et de participation au Conseil académique des langues régionales. Nous espérons vivement pouvoir poursuivre avec vous ces relations.

Dans l’immédiat, nous nous posons deux questions :

– la réunion d’un prochain conseil académique : lors du précédent, en avril 2019, Madame la Rectrice Béatrice Gilles avait envisagé une nouvelle réunion à l’automne 2019, qui ne s’est finalement pas tenue.

Or ce conseil, comme le groupe de travail qui s’était tenu en février 2019, dont vous trouverez notre compte rendu à la suite de ce courrier, sont l’occasion de faire l’état des lieux de l’enseignement de l’occitan dans notre académie – la signature de la convention additionnelle Etat / Région à la convention-cadre signée en janvier 2017 à Toulouse en présence de Madame la Ministre Vallaud-Belkacem et des représentants des Régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine.

Sur ces deux points, Madame la rectrice, nous avons l’honneur de solliciter une audience.

Dans cette attente, nous vous prions de croire à notre attachement au service public de l’Éducation nationale.

 

Compte rendu du groupe de travail « occitan » – Rectorat Montpellier – 21-02-2019

NB : on trouvera à la suite de ce compte rendu un document annexe recensant les principaux problèmes de l’enseignement public de l’occitan dans notre académie. Ce document a vocation à être complété d’ici le CALR prochain.

Le secrétaire général du rectorat présente ce groupe de travail comme une préparation du CALR qui est prévu fin mars début – avril.

Il explique les distorsions de calendrier : au CALR (conseil académique des langues régionales) de juin, l’automne avait été évoqué pour la tenue de ces réunions, mais il a fallu tenir compte du résultat des élections. Les instances siégeant au CALR devraient être stabilisées pour les prochaines années. Ce groupe de travail réunit les membres de l’administration ainsi que les représentants des syndicats et des associations. Il manque le représentant des formateurs qui n’a pas encore été désigné.

Le SG rappelle les constats du CALR de juin, portant notamment sur la nécessité de clarifier les données, en ce qui concerne les constats d’effectifs ainsi que l’étude du public scolaire qui suit un enseignement de LR. Il donne ensuite la parole à la salle

La représentante du CREO s’exprime sur plusieurs points :

  • Elle remercie Madame la Rectrice d’avoir immédiatement réglé, suite au CALR de juin, la question épineuse du poste de CPD Hérault. La nomination d’une collègue titulaire affectée à plein temps sur ce poste a réenclenché une dynamique quant à l’animation et au suivi des écoles pratiquant un enseignement de l’occitan.
  • Elle remercie également le rectorat pour la tenue de ce groupe de travail qui correspond à un besoin maintes fois exprimé et permet de préparer tranquillement le CALR. La dissociation de 2 groupes catalan / occitan, demandée par les enseignants de catalan, est également une bonne chose, car elle permet, pour chaque langue, un travail plus approfondi.
  • Elle ne s’explique pas cependant l’absence de réponse rectorale aux courriers successifs qui ont été adressés par le CREO (http://www.felco-creo.org/category/contactes-rectorat-lengadoc/)
  • Elle pose la question de la non-signature de la déclinaison académique de la convention Ministère / OPLO / Régions Nelle Aquitaine / Languedoc Roussillon du 16 janvier 2017. En ligne à l’adresse  http://www.felco-creo.org/signature-dune-convention-sur-lenseignement-de-loccitan/.
  • Elle présente et commente l’état des lieux dans le 2nd degré (Voir annexe à la suite) et interroge sur la mise en place de la réforme des lycées
  • Elle insiste sur le problème de la discontinuité des enseignements du premier degré au lycée (exemples nombreux de rupture de cette continuité dans l’annexe qui suit ce compte rendu), discontinuité totalement contradictoire avec les engagements ministériels.
  • Au niveau du 2nd degré, elle souligne la carence en ressources humaines de l’académie (de 56 enseignants au début 2000 à une petite trentaine actuellement). Cette carence a abouti à des fermetures d’enseignements et à des services éclatés. Pour limiter leurs déplacements, les collègues sont amenés à enseigner leur valence. C’est ainsi qu’il y a actuellement 14 ETP utilisés dans l’enseignement de la valence et non compensés par la création de postes en occitan.
  • Elle souligne l’absence de politique de développement du bilinguisme public : aucune nouvelle ouverture depuis 3 ans.
  • Elle demande que la chargée de mission IPR retrouve les prérogatives prévues par les textes et qui lui ont été peu à peu retirées :
    • la situation actuelle, une personne chargée de coordonner la politique des langues étrangères et régionales, ne lui semble pas conforme aux textes qui précisent la spécificité des langues régionales: « Au niveau académique, la coordination entre les différents niveaux d’enseignement, l’animation, le suivi du dispositif d’enseignement des langues et cultures régionales sont placés sous la responsabilité d’un coordonnateur académique, inspecteur ou chargé de mission d’inspection, désigné par le recteur. » Circulaire relative à l’enseignement des langues et cultures régionales –MENE1711397C circulaire n° 2017-072 du 12-4-2017 – MENESR – DGESCO A1 – MLFLF.
    • le ressenti des collègues est très négatif concernant ce changement de mission et cette diminution de responsabilités intervenus dans notre académie qui avait auparavant fonctionné comme ses voisines avec une coordination des enseignements de langues régionales sous la responsabilité d’un chargé de mission particulier. Les collègues perçoivent là un manque évident d’intérêt spécifique et de bienveillance pour leur discipline. Cette situation est d’autant plus mal vécue que la souffrance au travail est grande suite à la déperdition importante de ressources humaines qui aggrave les conditions de travail des collègues en poste.
    • Les collègues conseillères pédagogiques pour le premier degré n’arrivent pas à obtenir un rendez-vous
    • Au bout de quelques années de fonctionnement de ce dispositif, force est de constater que les effets en sont objectivement très négatifs : comment expliquer autrement les ruptures de continuité entre niveaux, l’absence de cohérence par bassin ?

Les représentants de la FSU posent la question de l’absence de documents préparatoires au groupe de travail.

Ils exposent les difficultés et la souffrance au travail de certains collègues qui ont abouti à des démissions ou à des replis sur l’enseignement de la valence.

La FSU souligne les besoins en heures et en postes. En effet, la perte des heures dans les établissements rend les services instables et lacunaires. Cette perte des heures s’explique notamment par des DHG contraintes qui obligent les établissements à des choix difficiles. Lorsque les établissements reçoivent des heures spécifiques, ils sont tentés de les utiliser pour d’autres usages. Les représentants de la FSU demandent également des moyens en remplacements, inexistants pour l’heure.

Ils insistent sur

  • La non-signature de la convention,
  • les besoins en formation des maîtres,
  • les besoins de postes fléchés pour stabiliser et développer l’enseignement bilingue et sur l’affichage des postes. Ils demandent des moyens humains supplémentaires pour ces sites bilingues.
  • Le besoin de stagiaires en occitan, dans l’Aude notamment
  • Le besoin de postes de remplacements

LE SG répond sur la Convention additionnelle : Elle n’est pas non plus signée dans l’académie de Toulouse pour des raisons administratives ; il devrait y avoir une signature commune des 2 académies sur des textes rédigés dans les mêmes termes ;  à Toulouse, les conseils départementaux sont partie prenante, ce qui complique la tâche administrative.

NB : réflexion du CREO après la réunion : cela complique peut-être la tâche, mais cela permet aussi une implication de collectivités importantes que sont les départements, notamment au niveau des collèges.

Les représentants de FO évoquent un cas de non-dérogation d’un élève bilingue de Mireval pour le collège de Villeneuve-lès-Maguelone.

***

Après ces échanges préliminaires, sont projetés des documents sur la situation académique où il s’avère que les chiffres ne sont pas exacts, malgré les efforts de collecte de données présentés par l’administration. Les remontées du terrain seraient, selon l’administration, insuffisamment rigoureuses pour avoir un état des lieux précis.

Les représentants syndicaux FSU et FO soulignent la lourdeur croissante des tâches administratives des directeurs d’école qui expliquent ces difficultés

L’ensemble des membres du groupe de travail constatent l’érosion implacable des effectifs entre le 1er degré et le lycée.

Selon le CREO, la baisse relative du poids des coefficients en est une des causes fondamentales. Cette situation est encore aggravée par la réforme des lycées en cours contre laquelle il y a une forte mobilisation (3000 manifestants à Toulouse le 17 février, venus des 8 académies occitanes). En effet, le lycée est un maillon fondamental pour préparer les viviers universitaires et donc pourvoir les formations de maîtres (CRPE spécifique, CAPES)

Au niveau des moyens affectés par le rectorat à l’enseignement du catalan et de l’occitan, l’administration annonce, pour les deux langues :

  • en collège : 210 h (soit 11, 7 ETP)
  • en lycée : 78 h  (soit 4, 3 ETP)

La représentante du CREO fait remarquer malicieusement que l’égalité républicaine ne semble pas de mise quand on compare les réseaux serrés de l’enseignement du catalan et la pauvreté des moyens affectés à l’occitan. Loin de regretter les moyens donnés au catalan, elle demande une réduction de l’écart entre les deux langues enseignées dans l’académie qui aille dans le bon sens, alors que l’écart ne cesse de croître.

Le CREO et la FSU demandent quels seront les enseignements de spécialité ouverts à la rentrée, sans toutefois attendre des miracles de cette nouvelle disposition plus symbolique qu’effective et pour l’instant totalement virtuelle.

Annexe : principaux problèmes recensés par le CREO

Aude

  • Collège de Grazailles – Carcassonne. Fermeture programmée en 4ème – 3ème
  • Pas de continuité du bilingue (enseignement DNL) à Lézignan-Corbières alors que le professeur d’occitan titulaire, Benjamin Marc, a un CAPES d’occitan avec valence histoire-géographie.

Gard

  • Pas de continuité entre les collèges du bassin de Milhaud et le lycée, malgré l’accord du proviseur qui attend « un coup de pouce » rectoral au niveau des moyens
  • Défléchage du poste d’occitan de l’école Marie Pape-Carpentier de Clarensac. C’est la T1 spécialisée occitan qui part, et 5 classes, c. à d. l’ensemble des CM1 et CM2 qui ne font plus occitan. Or l’option au collège est maintenue. Le collège de Clarensac avait pourtant vocation à remplacer le collège Révolution qui accueillait les élèves de Calandreta avec un enseignement de DNL. Que prévoit l’administration comme secteur de développement de l’occitan pour compenser ce défléchage ?
  • Une bonne nouvelle : l’ouverture – enfin ! – d’une heure au collège d’Alès pour accueillir les enfants du site bilingue de St Privat les Vieux. Cela étant, on ne peut pas véritablement parler là de continuité du bilinguisme.
  • En revanche, la fermeture au lycée Chamson du Vigan serait envisagée, là encore malgré la présence du site bilingue public.

Hérault

  • De nombreuses fermetures et ruptures de continuité
    • Fermeture collège Trentanel Gignac, malgré l’existence de nombreux enseignements d’occitan dans les écoles publiques du secteur de recrutement et d’une école Calandreta
    • Fermeture totale au lycée de Lodève
    • Fermeture programmée (d’abord 2nde, puis 1ère et tale) au lycée de Clermont l’Hérault ; pas d’enseignement de DNL au collège malgré l’existence ancienne du site bilingue public et de deux Calandretas à proximité. Il y a là une rupture évidente de continuité.
    • Pas de continuité collège / lycée sur Lunel, malgré la présence d’un enseignement dynamique
    • Fermeture lycée Frédéric-Bazille, après 15 ans d’existence d’une convention avec le collège Calandreta et malgré la présence d’une collègue chevronnée
    • Fermeture lycée Joffre, malgré la présence de l’occitan au collège
    • Rien n’est prévu pour assurer l’enseignement de DNL au collège Clémenceau de Montpellier malgré le dynamisme des sites bilingues existants (maternelle + primaire).
    • Demande d’ouverture de site bilingue à l’école Olympe de Gouges pour assurer le vivier en collège par la suite.
    • Rien n’est prévu non plus à Béziers pour assurer la continuité en collège du site bilingue Mandela et assurer ainsi la continuité avec le lycée Henri IV.

Lozère

  • Pas de suivi effectif du bilinguisme dans le 2nd degré (enseignement de DNL) malgré l’ancienneté d’implantation des sites bilingues dans le 1er degré.
  • Demande d’affectation de PE bilingue dans un département où l’enseignement est très dynamique et concerne, selon l’administration, 1/3 des effectifs totaux des élèves.
  • Remarque après la réunion : le CREO a demandé à plusieurs reprises que le site lozérien de l’ESPE ouvre une formation de sensibilisation à l’occitan qui permettrait de créer un vivier de maîtres dans un département très éloigné de Carcassonne où se fait la formation des maîtres bilingues.

 

 

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