Montpellier, 14, 15 et 16 juin, congrès du Réseau français de sociolinguistique (RFS)

Tout le programe en ligne sur le site du congrès à l’adresse http://rfs2017.upv.univ-montp3.fr/

Noter :

  • qu’une séance plénière sera consacrée à l’œuvre de Robert Lafont (vendredi 9 h, amphi H), coordonnée par R Colonna. Intervenants : Ph. Gardy, RM Volle, Ch Lagarde, H Boyer, R Colonna
  • que la matinée du mercredi sera consacrée au cas de l’occitan :

– 9 h 30 : Courtray F : « La pluralité graphique de l’occitan en Provence »
– 10 h Alén-Garabato C : « Lou païs d’aqui » : l’identité occitane comme argument commercial dans la Région Occitanie»
– 10 h 30 : Chiarini S. : « Identités et conflits au sein du mouvement revendicatif d’oc en Italie : normalisation, institutionnalisation et « politique de la reconnaissance »
– 11 h 30: Lagarde Ch. : « Les clercs standardisateurs et le peuple aliéné : retour sur les ratés stratégiques de l’occitanisme »
– 12 h : Verny M.J : « Autour des manuels d’occitan : quelles images de la langue ?»

IDENTITÉS, CONFLITS ET INTERVENTIONS SOCIOLINGUISTIQUES
Le RFS défend une acception résolument étendue de la sociolinguistique contemporaine, au travers de la diversité des domaines investigués, des objets d’étude, des perspectives théoriques et méthodologiques convoquées. Cette diversité relève d’ancrages épistémologiques contrastés qui ont peu à peu structuré le champ de la sociolinguistique. La volonté collective d’appréhender le langage en société a en effet impulsé à partir des années 60 des approches diversifiées développées par des chercheurs venus d’horizons multiples. Au-delà des divergences de vues, c’est sur cette volonté commune de concevoir et pratiquer la linguistique comme une science humaine et sociale qu’ont en particulier reposé le développement de travaux sur la communication verbale in vivo, sur les interactions interpersonnelles, sur la variation intra- et inter-linguistique et la prise en compte des contextes socio-historiques et idéologiques de production des discours, ainsi que sur la gestion des bi et plurilinguismes.
Après le Congrès de Corte centré sur les pouvoirs, les contre-pouvoirs et les non pouvoirs et celui de Grenoble sur l’hétérogénéité et le changement, le comité d’organisation de l’édition 2017 du Congrès du RFS (qui se tiendra à Montpellier) a choisi d’explorer, à propos des communautés nationales aussi bien que des groupes (de jeunes, de femmes, de citadins…), l’articulation entre identités, conflits et interventions d’ordre sociolinguistique. Ces trois objets sont d’actualité en France avec, par exemple, les positionnements de forces politiques insulaires en faveur de l’officialisation de la langue corse, mais plus largement, dans tous les combats pour la défense des « petites » ou des « grandes » langues ou encore dans les débats autour des politiques linguistiques de défense du français, comme la loi 101 au Québec. Ces objets concernent des terrains divers et contrastés et qui se trouvent au coeur du travail des sociolinguistes depuis l’observation (à partir de perspectives théoriques et méthodologiques variées) jusqu’à la production de réponses glottopolitiques et/ou didactologiques, sans oublier bien entendu la nécessaire réflexion autour des notions mêmes d’identité, de conflit et d’interventions sociolinguistiques, sujettes à controverses.
Le postulat selon lequel la dimension identitaire conditionne la dynamique langagière des sociétés et de leurs composantes est largement partagé au sein de la sociolinguistique. Cette dimension identitaire se manifeste au travers d’un ensemble plus ou moins prolifique de représentations dont l’impact au travers des discours épilinguistiques et métalinguistiques et selon diverses modalités, oriente, modifie, développe ou au contraire limite les usages et les pratiques sociolinguistiques de telle ou telle langue. Et la production d’identité(s), singulièrement d’identité(s) linguistique(s), est un puissant facteur de cohésion et/ou de diffraction sociétale en même temps que l’un des ingrédients majeurs de l’évolution des situations plurilingues.
Par ailleurs c’est le plus souvent (mais pas exclusivement) dans le cadre d’une configuration linguistique conflictuelle qu’émergent des entreprises glottopolitiques, donc des interventions sociolinguistiques, qui visent à influer sur le cours des représentations et des usages sociolinguistiques, soit dans une perspective de gestion des bi ou plurilinguismes (dans le sens d’une coexistence pacifique des langues), soit avec un objectif de défense, de promotion, de reconquête des usages de telle ou telle langue dominée, minorée et éventuellement en voie de substitution. Le phénomène de globalisation, l’internationalisation des contacts humains, culturels et commerciaux, conduisent par ailleurs les Etats à repenser leurs stratégies de défense et de promotion de leur(s) langue(s) officielle(s) à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières. La prise en compte des politiques linguistiques (et des idéologies qui les inspirent), tout comme celle des politiques éducatives (et leurs diverses orientations didactologiques), ainsi que leur évaluation ont ici toute leur place.

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