L’historien de l’éducation C. Lelièvre ironise dans « Le Figaro » sur l’agrégation des langues de France

Suite à l’article, intitulé « Les langues régionales méritent-elles vraiment l’agrégation? « , la FELCO communique : 

Notre association a pris connaissance avec intérêt de l’article consacré par Marie-Estelle Pech à la toute récente création d’une agrégation de langues régionales (Le Figaro, samedi 6 dimanche 7, p. 13), et quant à la question que pose le titre de son article « ces langues méritent-elles vraiment l’agrégation », notre réponse est bien entendu positive.

Parmi les personnalités invitées à donner leur opinion sur le sujet il y a le professeur Claude Lelièvre, présenté comme « historien de l’éducation », qui semble assez dubitatif, voire réticent. On peut comprendre qu’ayant travaillé sur le passé d’un système éducatif qui a longtemps refusé toute place donnée aux langues de France dans l’école de la République, il puisse ignorer la situation présente, à savoir l’existence depuis quelques années d’enseignants de langues régionales titulaires de CAPES disciplinaires, de masters voire de doctorats qui  les rendent aptes à se présenter au prestigieux concours de l’agrégation. Il semble croire que la création d’un tel concours pour ces langues aurait surtout pour effet de créer des postes supplémentaires dans le supérieur, ce qui lui semble « ironiquement » peu souhaitable, visiblement. On retrouve là la trace du climat actuel de chasse aux fonctionnaires qui prévaut dans certains milieux. Nous rassurons M. Lelièvre : s’il manque effectivement des enseignants dans le supérieur pour nos langues, en particulier l’occitan langue d’oc, il n’en demeure pas moins qu’il existe déjà des équipes dans les universités des régions concernées capables d’assurer la préparation aux épreuves de l’agrégation, et du même coup, à la participation à des jurys compétents.

À un autre niveau, pour être « historien de l’éducation », Monsieur Lelièvre n’en est pas moins, au départ, agrégé de philosophie : il peut donc comprendre que pour des enseignants du secondaire comme il a dû l’être lui-même au départ, la possibilité d’avoir accès aux mêmes concours, et aux mêmes possibilités de promotion professionnelle que leurs collègues des autres disciplines puisse avoir son intérêt, à moins bien sûr qu’il choisisse de ne voir là qu’une revendication de nature intolérablement syndicale.

Il semble croire que la plupart des langues concernées ne sont en fait que des artefacts fabriqués « tardivement » et « de façon approximative » par on ne sait qui on en sait où. Il ne semble pas non plus persuadé qu’il existe dans ces langues des corpus littéraires suffisants. Il nous dirait, s’il le savait, que de fait, l’on n’écrit guère l’occitan que depuis le XIe siècle, ce qui est vraiment très récent, à l’échelle en tout cas des ères géologiques. Mais, soyons juste, sur ces questions de langue comme de littérature on ne peut lui reprocher d’ignorer des choses qui ne s’enseignent nulle part dans le système éducatif tel qu’il le connaît pour avoir été formé par lui en son temps.

Mais c’est avec plaisir que nous lui présentons nos offres de service afin de combler ces lacunes, et, du même coup, de modifier son point de vue sur la création de cette agrégation de langues régionales.

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Voici l’intégralité de l’article.

Les langues régionales méritent-elles vraiment l’agrégation?

Le Figaro, samedi 6, dimanche 7 mai 2017, p. 13.

Baptisée «langues de France ››, elle sera proposée dès 2018 pour le breton, le corse et l’occitan. Suivront le basque et le catalan.

L’arrêté du ministère de l’Éducation nationale est passé inaperçu fin mars. Il est pourtant hautement symbolique, permettant à huit langues régionales d’accéder à l’agrégation, concours le plus prestigieux de l’enseignement. La toute nouvelle agrégation des langues de France sera proposée dès la rentrée 2018 dans les options breton, corse et occitan; s’y ajouteront en 2019 le basque et le catalan.

Les sessions suivantes concerneront aussi le créole et le tahitien. Le concours comportera notamment une composition en français de sept heures sur « un programme de civilisation (relevant de la sociolinguistique et de l’Histoire » et le commentaire dans la langue régionale « d’un texte littéraire inscrit au programme ». La création du concours « poursuit la reconnaissance des langues régionales impulsée par la loi de refondation de l’école de juillet 2013 », affirme-t-on au ministère.

Les associations de défense de ces langues réclamaient à cor et à cri l’accès à l’agrégation 25 ans après leur accès au concours du Capes. Elles saluent cette reconnaissance, « qui va ouvrir le droit pour les enseignants de langues régionales à des perspectives de carrières égales à celles de leurs collègues des autres disciplines ». La réussite des enseignants du secondaire à ce concours leur garantit moins d’heures d’enseignement hebdomadaires devant les élèves (quinze heures au lieu de dix-huit) et un salaire plus élevé.

Tout en saluant ce geste, les associations ne manquent pas de souligner que 1’annonce intervient en toute fin de quinquennat… Et que le nombre de postes à pourvoir est de fait renvoyé au prochain gouvernement. Il ne concernera de toute façon qu’un très faible nombre d’enseignants. En 2017, on ne comptait que cinq postes ouverts pour l’occitan et le créole, deux pour le catalan et le basque et un seul pour le corse. Mais les associations se félicitent « d’avoir mis un pied dans la brèche » après que Manuel Valls a promis en juillet 2016 une agrégation de corse… en Corse. « C’était logique que nous obtenions la même chose », explique Marie-Jeanne Verny, professeur d’occitan à l’université de Montpellier. Il fallait aussi pour le gouvernement trouver une contrepartie politique à 1′ absence de ratification de la charte européenne des langues régionales, promise par François Hollande au début du quinquennat.

Pour Patrice Roques, responsable des langues régionales pour l’association des professeurs de langues vivantes (APLV), « cette mesure symbolique bienvenue ne va pas coûter grand-chose ». Il critique « un ordre de priorité discutable » qui privilégie le corse, le breton et l’occitan au détriment des autres. « Il ne faudrait pas non plus que les postes ouverts à ces concours entrent en concurrence avec d’autres langues comme le japonais ou l’hébreu, par exemple », craint-l’

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Claude Lelièvre, « réticent sur la prolifération de ces reconnaissances » observe ironiquement que ces agrégations « permettront de nourrir quelques universitaires supplémentaires ». De surcroît de quel créole, de quel occitan parle-t-on? « Certaines de ces langues ont été tardivement recréées de façon approximative », fait-il observer, insistant sur le fait que peu d’examinateurs seront capables d’évaluer les candidats et que la sphère de sélection et d’affectation sera restreinte. Et quid du corpus de l’épreuve de littérature, parfois cantonné à une époque récente? Président de la confédération des Calandretas, ces écoles occitanas bilingues, Jean-Louis Blénet s’insurge: « La langue d’oc, facilement réduite au rang de patois, c’est une langue millénaire parlée par les troubadours », rappelle-t-il. Quant au Félibrige, cette association qui distribue chaque année des prix pour les œuvres en langue d’ oc, c’est la plus ancienne association littéraire de France, affirment ses membres. Elle a été créée par le prix Nobel Frédéric Mistral en 1854

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