Nb. : on lira l’intégralité du rapport ainsi que notre analyse détaillée à l’adresse http://www.felco-creo.org/26-07-21-sur-le-rapport-kerlogot-euzet-227-la-position-du-conseil-dadministration-de-la-felco/
La FELCO a pris connaissance du rapport remis le 22 juillet au Premier Ministre et au ministre de l’Education nationale par deux députés de la majorité, MM. Euzet et Kerlogot, missionnés par le premier ministre suite à la censure par le Conseil Constitutionnel de deux articles de la loi Molac de promotion des langues régionales adoptée le 8 avril 2021. Ce rapport de 77 p. (le consulter sur notre site : http://www.felco-creo.org/26-07-21-sur-le-rapport-kerlogot-euzet-227-la-position-du-conseil-dadministration-de-la-felco/ ainsi que notre analyse détaillée du contenu) repose sur la consultation aussi bien de représentants de l’institution scolaire que de juristes compétents et d’acteurs de l’enseignement de et en langues régionales.
Si le sujet central du rapport est l’enseignement associatif immersif, la FELCO et Oc-bi comme la FLAREP pour l’ensemble des langues présentes dans l’enseignement public ont pu être auditionnées.
Le rapport fournit un état des lieux assez instructif pour des lecteurs ignorant l’histoire de l’enseignement des langues régionales et sa situation actuelle. Les deux députés ont réussi à obtenir du ministère qu’il leur communique des chiffres (que l’on espère fiables), d’ordinaire difficiles voire impossibles d’accès.
Si la FELCO peut considérer comme bienvenus ceux concernant l’occitan, elle déplore par contre l’étrange façon dont ils sont ventilés en fonction de « langues » inattendues (« gascon », languedocien », provençal », nissart » sur le même plan que « l’occitan » ou la « langue d’oc ») sans qu’on sache exactement à quoi correspondent ces dénominations. La FELCO demandera, sur ce point, des explications au ministère.
En tout état de cause, l’évolution de ces chiffres depuis trois ans permet aux rapporteurs de souligner les effets néfastes, dans le secondaire, des récentes « réformes » du lycée et du baccalauréat, confirmant ce que la FELCO et d’autres associations d’enseignants et de parents d’élèves répètent depuis bien longtemps.
Le rapport confirme tout autant la façon dont trop souvent fonctionnent, si l’on peut dire, les Conseils académiques des langues régionales (CALR), selon la bonne volonté, ou pas des recteurs concernés. La FELCO approuve la proposition d’un cadre uniforme respecté dans toutes les académies, même si c’est somme toute ce que prévoient déjà des textes trop peu appliqués.
Le rapport se clôt sur d’autres propositions concernant pour l’essentiel l’enseignement immersif, puisque c’est lui qui est le plus directement affecté à court et long terme par la censure du Conseil Constitutionnel, l’associatif sous contrat relevant du service public de l’éducation dans l’interprétation de ce Conseil.
Les rapporteurs se montrent prudents quant à la possibilité d’une réforme constitutionnelle sécurisant enfin le statut des langues régionales, et ne l’imaginent que pour un futur non autrement précisé. Ils suggèrent un cadrage de l’immersion destiné à préserver une position du français que le ministre comme les sages du Conseil Constitutionnel affectent de croire gravement menacée. La FELCO laisse aux associations concernées le soin de commenter les idées avancées par le rapport.
Elle regrette que la situation et l’avenir de l’enseignement public des langues régionales fasse l’objet d’une réflexion moins poussée de la part des deux députés, au-delà de la constatation bienvenue des maux dont il souffre depuis plusieurs années en termes de recrutements et de moyens notamment.
Ceci posé, il semble à la FELCO que s’il s’avérait possible de dépasser, dans l’enseignement associatif, la barre des 50% du temps scolaire, il serait d’élémentaire justice, et conforme aux principes d’égalité républicaine, que ce dépassement soit aussi autorisé dans l’enseignement bilingue public.
Le rapport préconise aussi, plus généralement, la création d’un Conseil national de l’enseignement des langues régionales, associant représentants du ministère de l’Education nationale, universitaires et formateurs compétents, Office publics pour les langues qui en disposent. D’autres gouvernements, depuis maintenant plus de trente ans, avaient eu l’idée d’un tel conseil, sans lui donner d’existence concrète. Si le gouvernement retient cette proposition, il lui appartiendra d’abord de veiller à ce que ce conseil soit réuni régulièrement, sauf à devenir une simple coquille vide. Il serait opportun par ailleurs qu’il fasse une place aux représentants des acteurs de terrain, notamment les associations professionnelles d’enseignants du public et les associations de parents d’élèves.
Au total, la FELCO considère que ce rapport ne doit pas constituer une fin, mais bien plutôt le début d’une réflexion la plus large possible, pour donner enfin aux langues régionales la place qu’elles méritent dans l’école de la République, et plus largement dans la vie de la Nation.
Notre fédération, qui réunit huit associations académiques d’enseignement public de l’occitan, compte bien évidemment être invitée dans le cadre des audiences annoncées par le premier ministre pour le mois de septembre.