Cher-es collègues, chers parents d’élèves, Mesdames Messieurs,
J’interviens pour le SNES-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et lycées, en tant que secrétaire général adjoint. Benoit Teste, le secrétaire général de la FSU, et Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIpp FSU, syndicat majoritaire dans le premier degré, n’étaient pas en mesure de participer à vos travaux mais me chargent de vous transmettre leur salut et l’attention qu’elle et il portent aux actions de la FLAREP.
Le SNES-FSU, vous le savez, a un attachement particulier pour l’enseignement des langues régionales et minoritaires à l’école publique. Il s’agit pour nous de veiller à leur développement dans le service public, pour consolider et accroître surtout le nombre de locuteurs pour qu’aucune langue régionale ne s’éteigne. Les langues régionales ne sont pas seulement un élément du patrimoine mais une entrée dans la compréhension du langage, un élément de la culture commune que la FSU revendique sur toute la scolarité, et une clé pour comprendre notre société, respecter les différences, les valoriser pour que chacune et chacun y trouve sa place.
L’engagement et la présence de nombreux militants du SNES, du SNUIpp et de la FSU dans ce colloque depuis samedi révèlent combien nos organisations syndicales et des fédérations comme la FLAREP peuvent s’unir pour porter une revendication commune : les langues régionales ont toutes leurs places dans le service public. Elles contribuent même à en faire un atout auprès des familles qui défendent avec nous l’école publique, gratuite et laïque face à l’offensive des réseaux privés. Disons-le avec fierté, c’est bien le service public qui scolarise le plus d’enfants apprenant les langues régionales. C’est pourquoi la FSU demande des postes aux concours, une continuité de l’enseignement de la maternelle à l’Université dans le cadre d’une politique linguistique cohérente et adaptée aux spécificités territoriales.
Si la « loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion », a rappelé l’importance des langues régionales, elle n’apporte aucune réponse à la question des moyens qui manquent tant. Les langues régionales cumulent les fragilités et sont souvent peu prises en considération : enseigner une langue régionale ou en langue régionale c’est souvent enseigner sans supports pédagogiques adaptés et dans un cadre horaire ou des groupes-classes que l’administration peut remettre en question à tout moment ; c’est aussi se retrouver très souvent isolé-e sur le terrain. Les représentant-es de la FSU interviennent sans relâche à tous les niveaux, dans toutes les instances et pas seulement en CALR, pour défendre de meilleures conditions de travail pour les personnels et le respect de leur enseignement auprès des élèves.
Vous avez choisi comme thème, pour votre colloque cette année, la formation des personnels. Le SNES, comme l’ensemble des syndicats enseignants de la FSU, demande l’abandon de la réforme de la formation et des concours. Cette réforme accroît le contrôle de l’employeur sur la formation et le recrutement, au mépris de la liberté professionnelle dans laquelle s’exercent nos métiers. Elle précarise les étudiants contractuels-alternants avant de placer les lauréats des concours issus de l’INSPE à temps complet devant les élèves. Le SNES-FSU rappelle son attachement à l’accès par concours aux statuts de la Fonction publique et plus particulièrement pour les métiers de l’enseignement, une fois validé le M2. C’est pourquoi il revendique parallèlement des prérecrutements dès la licence pour donner du temps et des moyens aux étudiants, ce qui permettrait en outre de promouvoir ces parcours universitaires qui préparent les étudiants à nos métiers. Le SNES-FSU s’oppose à toute mise en responsabilité des étudiants au cours de leur formation, ce qui n’exclut pas des périodes d’observation en classe pour nourrir les recherches universitaires intégrées à la formation.
Le SNES-FSU a recensé 62 % de collèges et de lycées où au moins un enseignant manquait à la rentrée. Il y a urgence à décider d’un plan pluriannuel de recrutement et une loi de programmation pour l’école publique. Car après 5 ans de rentrées préparées par J.M. Blanquer, avec 13 000 élèves de plus, 7900 emplois d’enseignants ont été supprimés dans le second degré public, c’est l’équivalent de 175 collèges rayés de la carte. L’épouvantable réforme du lycée a été l’un des instruments de ces suppressions, celle du lycée professionnel que contestent toutes les organisations syndicales poursuit aujourd’hui le même objectif. Alors que pour la rentrée 2023, les effectifs du second degré s’annoncent relativement stables (-5000 élèves mais + 10 000 en lycée), près de 500 emplois seront encore supprimés.
Ces perspectives doivent nous encourager plus que jamais à unir nos forces pour que l’enseignement des langues régionales et en langues régionales ait les moyens et les personnels pour se développer dans le service public. La FSU, après son congrès national en janvier dernier, mettra à l’ordre du jour d’un prochain stage fédéral la question de l’immersion pour sortir des crispations qu’elle suscite, au profit de la valorisation d’un projet pédagogique à la main des équipes. Au SNES-FSU, nous travaillons plus particulièrement cette année sur la réorganisation du lycée que nous voulons et un collège repensé pour faire réussir tous les élèves. Autant d’occasions pour poursuivre avec vous tous nos échanges sur le projet de culture commune que le SNES-FSU défend dans la cadre d’une scolarité obligatoire que nous voulons porter à 18 ans, une scolarité où toutes les disciplines et toutes les langues vivantes étrangères ou régionales ont leur place.
Très bonne fin de colloque.
Gwénaël Le Paih