M. Nicolas Rey-Bèthbéder,
Président du Centre Régional des Enseignants d’Occitan de l’académie de Toulouse (CREO).
234, chemin des Nauzes. 31470 Saint-Lys.
@ : creotoulouse@gmail.com / tél : +33623474643
Toulouse, le 15 février 2019
À Mme Anne Bisagni-Faure,
Rectrice de l’académie de Toulouse
CS 87 703. 31077 Toulouse cedex 4
cabinet@ac-toulouse.fr / tél : 05 36 25 77 13
Copie : M. Didier Agar, IPR d’occitan.
En annexe lettre d’une ancienne élève d’occitan
Objet : Enseignement de l’occitan dans l’académie de Toulouse.
Madame la Rectrice,
Madame la vice-Présidente de l’Office Public de la Langue Occitane,
Nous vous remercions de réaffirmer dans votre communiqué de presse du 14 février, votre décision de poursuivre la politique académique en faveur de l’occitan. Nous sommes heureux de relever de nombreux points positifs conformément à l’application de la convention État-Région :
-La volonté de développer un vivier de citoyens occitanophones
-l’ambition d’accroître la formation et le recrutement d’enseignants dans le premier degré
-l’engagement fort en faveur du développement du bilinguisme et la sanctuarisation des moyens dans le premier et le second degré pour cette modalité d’enseignement.
Toutefois pourriez-vous nous préciser comment l’académie de Toulouse souhaite mettre en œuvre cette politique ?
Nous demandons le rétablissement de la dotation spécifique et le maintien de la gestion coordonnée de l’occitan par les services gestionnaires compétents et l’IPR de la discipline. En effet ce sont ces modalités qui ont permis à notre académie, comme vous le disiez vous même l’an passé, d’être une académie leader en Pays d’oc.
Pour l’enseignement bilingue que vous souhaitez développer, il conviendra de définir et faire savoir comment se font la recherche et l’étude de faisabilité pour de nouveaux sites et quels sont les rôles respectifs de l’OPLO et du Rectorat dans ce domaine. Nous souhaitons un nombre significatif d’ouverture chaque année dont il sera utile de faire figurer le nombre, comme objectif, dans la convention académique dont nous attendons la signature comme concrétisation de la politique que vous annoncez.
De plus nous souhaitons vous alerter sur quatre points :
1- vous évoquez la continuité de l’enseignement de l’occitan dans les collèges et lycées qui souhaitent le proposer, or nous remarquons que certains établissements ont supprimé cette possibilité malgré des effectifs satisfaisants. Nous demandons donc que cet enseignement soit maintenu là où il existait et qu’il soit, conformément à la convention, proposé dans d’autres établissements pour assurer le suivi école-collège-lycée en EDS, LVB et LVC et mettre ainsi en œuvre le développement prévu.
2- vous nous dites que des personnels spécialisés d’encadrement pédagogique dans chaque département seront également maintenus mais nous vous rappelons que tous les départements ne bénéficient plus de CPD, par exemple le Lot, ce qui est contraire aux textes . Nous vous demandons de bien vouloir rétablir ces postes en commençant par le poste du Lot dès la prochaine rentrée d’autant qu’il y a un enseignant qui dispose des compétences nécessaires pour assurer cette fonction.
3- nous voudrions également être assurés que les dérogations garantissent la poursuite de l’étude de l’occitan du primaire au collège et du collège au lycée en LVB, LVC ou EDS.
4- enfin il y a cependant dans votre communiqué, Madame la Rectrice, une phrase qui nous étonne vivement et est inacceptable. Vous dites en effet : « L’académie de Toulouse s’est assurée du maintien de l’option facultative occitan dans les collèges et lycées qui souhaiteront le proposer. »
Ceux qui ne souhaitent pas le proposer ou le maintenir, même s’il y a de la demande ou un suivi de scolarité à assurer parce qu’ils n’ont pas les moyens ; ceux qui ne veulent pas se compliquer le travail ou ont des préjugés, des complexes ; ceux qui veulent récupérer les heures pour de bonnes ou mauvaises raisons, le rectorat les laisse fermer ou réduire l’horaire ? Certains chefs d’établissement ont déjà annoncé qu’ils allaient le faire dès cette année ou l’an prochain en espérant que la confusion, les réactions et les désordres créés par vos services gestionnaires peu soucieux des enjeux, comme on vient de le voir, se seront alors apaisés.
Vous ne pouvez pas abandonner l’occitan au bon ou au mauvais vouloir de tel ou tel chef d’établissement. Ce ne serait plus une politique académique ce serait le règne de l’arbitraire et la porte ouverte à bien des conflits.
C’est pourquoi nous vous demandons :
1- De nous communiquer clairement les moyens et les modalités de mise en œuvre de cette politique.
2- D’écrire aux chefs d’établissement pour leur rappeler vos engagements.
3- De préparer avec les partenaires concernés et signer enfin la déclinaison académique de la convention cadre comme cela a été fait par votre collègue en Aquitaine.
4- De ne pas accepter qu’un établissement ferme ou refuse d’ouvrir un enseignement de l’occitan pour de mauvaises raisons. La convention académique doit prévoir avec l’OPLO des procédures pour y veiller. Le CREO y veillera aussi.
Par ailleurs, nous réitérons notre demande d’audience conformément à votre dernier courrier électronique du 11 février 2019. Cette rencontre nous paraît urgente et permettrait de lever nos inquiétudes qui restent, en l’absence de texte officiel, encore nombreuses et fondées. Elle permettrait aussi, nous le souhaitons, de rétablir la confiance.
Nous vous prions, Madame la Rectrice, de croire à l’expression de notre loyauté au service de l’éducation des élèves de notre académie et d’agréer nos sentiments les plus respectueux.
Pour le CREO, association professionnelle des enseignants d’occitan, de la maternelle à l’université, de l’académie de Toulouse.
Le président
M. Nicolas Rey-Bèthbéder,