15-11-22 – Colloque FLAREP – Div Yezh – 22-24 octobre – notes FELCO

Le secrétariat de la FELCO remercie tous les contributeurs qui lui permettent la publication de ce compte-rendu et se tient à la disposition de tous pour d’éventuels ajouts ou corrections.

Samedi 22 octobre – Comment généraliser l’enseignement sous ses différentes formes ?

Ouverture du colloque

Thierry DELOBEL, président de la FLAREP

rappelle l’aventure et les péripéties qui débouchent sur le vote de la loi Molac. Rappel de l’impensé de « la macronie », l’opposition Castex/Blanquer.

Tout n’est pas gagné pour l’enseignement des LR (disparités, question de la généralisation, des moyens). Mais des choses changent, par exemple la rectrice de Bordeaux qui change du tout au tout son discours par rapport à l’enseignement des LR.

« C’est la revanche des territoires sur le centralisme jacobin. »

Présentation des associations de parents du bilingue breton et des enseignants de gallo.

Philippe Blanchet (représentant l’Université de Rennes), élus départementaux.

IPR LR représentant du recteur : les LR dans le projet académique (Bretagne Horizon 2025).

 Interventions : appliquer l’article 7 de la loi Molac. Quels enjeux, quels effets ?

Paul Molac, député

présente les avancées de la loi qui marque un changement de mentalité.

Le premier article (LR patrimoine de la France) : les collectivités locales et l’État sont garants de la préservation de ce patrimoine. Une commune qui refuse de protéger ce patrimoine est-elle en infraction ? On peut le penser et le juge le dira. Il ne faudra donc pas hésiter à porter des faits devant la justice. On peut compter sur les associations pour ce faire.

La loi Toubon est changée : elle ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales.

La généralisation de l’enseignement est un principe dans la loi. Ce principe doit être mis en place concrètement par la puissance publique.

L’amendement sur la possibilité d’introduire l’immersion dans le service public (porté par une sénatrice alsacienne) avait provoqué une certaine crainte, mais les deux chambres ont voté la même version (les députés pour ne pas faire moins que les sénateurs).

Les deux-tiers de la majorité présidentielle a voté la proposition de loi, malgré la consigne de vote.

Il y a une contradiction entre les élites (le Conseil Constitutionnel et la technostructure d’Etat) et le peuple représenté par les parlementaires.

Paul Molac souligne une nouvelle fois la nécessité de changer la Constitution pour sécuriser l’immersion et gagner d’autres champs d’usage pour nos langues.

Analyse de la question de la généralisation de l’enseignement des langues Régionales par le principe dit de « l’offre » Eneritz Zabaleta[1], (en visio).

Voir son diaporama en ligne à l’adresse http://www.felco-creo.org/22-10-22-le-principe-de-generalisation-de-loffre-denseignement-des-langues-regionales/

I- Genèse du principe de l’offre

L 312-11-2 (art. 7 loi Molac) et les conventions État-Région. Ce principe (intégration de la LR dans le temps scolaire) vient de Corse (1991, statut de la Corse art.53) et de Polynésie.

But : faire une matière que les élèves suivent obligatoirement (3h de corse) comme matière de LV (1983, première demande de la collectivité de Corse). Appliquée dès 1984 en Polynésie (obligatoire en primaire, option dans le secondaire).

Concerne l’enseignement de la langue et pas en langue.

Toujours repris depuis dans les statuts de Corse et Polynésie (élargie au second degré et à l’enseignement supérieur en Polynésie). Si la volonté est claire, la mise en œuvre est nuancée… Le Conseil Constitutionnel est saisi et met des limites à l’interprétation.

1991, les corses intègrent la généralisation du corse, le CC : « il n’y a pas de peuple corse », et l’enseignement de la langue corse ne peut avoir « de caractère obligatoire » sous peine d’être anticonstitutionnel.

L’école doit rester un lieu où l’on utilise le français.

1997 l’assemblée de Corse met en place un « enseignement généralisé » (3h/semaine), non obligatoire, les élèves qui ne le veulent pas peuvent demander de ne pas y participer.

1996 le CC est saisi et affirme que l’enseignement du tahitien ne peut pas être obligatoire.

Volonté du législateur est donc en contradiction avec l’interprétation de la constitution par le Conseil Constitutionnel.

Le CC renforce ses interprétations restrictives (2002). L’encadrement st plus strict : « l’enseignement de la LR [est] facultatif dans ses principes et ses modalités » il ne peut être obligatoire « ni pour les élèves, ni pour les étudiants, ni pour les enseignants ».

Le principe de l’offre est conforme à la constitution, mais doit rester facultatif (le CC y est très attaché).

II- Le principe dans le code de l’Éducation

Modifié par la loi Molac (L.312-11-2). Il reprend le principe corse et polynésien, celui de l’offre en élémentaire, collège et lycée (pas l’université), dans le cadre de conventions, sur tout ou partie des territoires concernés, mais dans le but qu’il soit « proposé à tous les élèves ».

Objectif clair (proposer à tous les élèves), souple et partenarial (soumis aux conventions).

III- Quel développement ?

La loi fixe à l’État et aux collectivités l’obligation de fournir les moyens pour la mise en œuvre. Par étape, pour s’adapter aux particularités des territoires.

Les partenaires doivent se mettre d’accord pour cette application.

Les suites de la loi Molac, analyses des rapports sociolinguistiques comme rapports sociaux de discrimination ou d’égalité à partir de l’analyse des situations sociolinguistiques (y compris les situations sociodidactiques), Philippe Blanchet[2],

Une politique linguistique éducative a besoin d’une politique générale. D’après la loi NOTRe : toutes les collectivités territoriales ont compétence pour les LR.

La loi Molac a un caractère impératif.

L’écart entre la loi et l’application est réel. Il y a également des écarts entre la légalité et la légitimité.

Montrer que la loi est légitime (premier travail). Quels arguments ?

-Opposer la réalité sociolinguistique et les droits linguistiques (dans le cadre des textes internationaux signés par la France : Convention des droits de l’enfant, droit de la famille au choix de l’éducation à donner à leurs enfants…).

-Opposer les droits des minorités linguistiques à l’idéologie nationale française (en soulignant les engagements internationaux non respectés).

L’idéologie du CC (qui ne démontre rien, et se place donc dans le domaine du dogme, de la croyance) très difficile à combattre (comme toutes les croyances). L’article 2 de la constitution est interprété de manière très restrictive, il fait de la langue française un emblème.

La Convention Européenne des libertés fondamentales affirme le droit de parler dans une autre langue que le français à l’administration.

Le français est la langue de la République, mais pas des usagers (qui ne sont pas « la République »). Retourner l’argument de l’égalité (égalité de condition d’accueil ?), qui est en fait un privilège de ceux qui ont le français comme langue familiale ou historique.

Il faut faire une information sociolinguistique des décideurs et de la population : les locuteurs ont des droits (les langues n’ont pas disparu).

Les langues sont présentes dans l’environnement : et certains éprouvent un attachement à une langue même s’ils ne la parlent pas, comme le dit Jacques Derrida « je n’ai qu’une langue (le français) et ce n’est pas la mienne ».

La toponymie est un élément de présence de la langue dans l’environnement de tous qu’il est important de comprendre (dimensions géographiques, historiques, socioculturelles).

Nous pouvons toujours demander la réparation historique (promise depuis 1981).

Pour approfondir la question, voir les Cahiers internationaux de sociolinguistique n° 20, 2022 consacrés à la loi Molac[3].

TABLE RONDE – QUELLES SYNERGIES DES DIFFÉRENTS PARTENAIRES ? QUELS ENGAGEMENTS POUR ALLER VERS LA GÉNÉRALISATION ?

• Présentation chiffrée de l’Enseignement bilingue dans les différentes régions

Fulup Jakez, directeur Office Public Langue Bretonne

Présentation de l’enseignement bilingue en France métropolitaine. Difficulté de compiler les chiffres pour toutes les langues (en particulier pour l’occitan).

40 000 en alsacien / allemand, 19 000 élèves en breton, 15 000 en corse,14 000 en basque, 12 000 en occitan, 5 000 en catalan.

70% des écoles basques proposent un enseignement bilingue (51% en corse, 29% en Alsace, 10% en Bretagne).

Entre 1% (occitan) et 50% (corse) d’élèves bilingues dans le public.

Table ronde – Le rôle des collectivités, • Le point de vue des acteurs de terrain, Périmètre d’intervention, points forts et limites de la politique de la Ville dans l’accompagnement des filières, Quelle interprétation de la loi Molac ?

Benjamin Assié[4], Rémi Toulhoat[5], Montserrat Casacuberta-Palmada[6], Jean Marc Cléry[7], Modération : Olivier PASQUETTI[8],

Montserrat Casacuberta-Palmada rappelle la nécessité d’expliquer une politique de « discrimination positive » pour les langues. Il y a rarement des politiques linguistiques « de la ville » (LR et langues des immigrations). Pour cela il faut faire évoluer les représentations sociales, mais il y a nécessité d’être appuyé par les autres collectivités.

Benjamin Assié : La Présidente de la région Occitanie demande de refonder une politique linguistique. Le logiciel national évolue, celui des collectivités doit évoluer. Qui fait quoi ? La loi définit un droit : la généralisation. La loi NOTRe indique que c’est une « responsabilité » de toutes les collectivités. C’est un droit culturel que l’accès à une offre d’enseignement de la culture et de la langue du territoire.

Nous sommes aux balbutiements de la mise en œuvre d’un droit culturel. Mais la Région n’a pas la main sur la mise en œuvre de ce droit. Hormis la négociation de la convention.

Il faut être offensif, avec les autres collectivités, qui ont la main sur l’environnement de l’école. Elles ont la responsabilité de la présence de la langue en dehors de l’école (transport, formation professionnelle…). Cela garantira la dynamique et permettra de légitimer l’enseignement.

Rémy Toulhoat : la loi dit « protéger » et « enseigner ». Il y a une appétence des familles pour un bilinguisme précoce. Sensibiliser (« saupoudrage ») est un moyen pour commencer.

Jean-Marc Cléry : Le CESER est la deuxième assemblée régionale le CESER rend des avis sur l’ensemble des politiques du Conseil régional. Composé de 3 collèges (acteurs économiques patronaux, syndicats de salariés, associatifs) le CESER représente la « société civile organisée ». Le CESER mène des études au long cours sur toute question d’intérêt régional et il peut également être saisi par le Président de la Région ou bien s’auto-saisir. A noter qu’aucune saisine ni aucune étude du CESER n’a jamais porté sur les langues de Bretagne. Les langues de Bretagne occupent une place particulière dans la politique de la Région Bretagne mais au plan budgétaire leur poids reste modeste : moins de 10M€ dans un budget total de 1,7Mds€ à comparer au poids total de la mission 3 « formation éducation » (700M€). Il faut avoir à l’esprit ce poids très relatif et aussi l’investissement de ce dossier par les diverses forces au sein du CESER en comparaison d’autres sujet à fort intérêt régional (questions agri-agro, liaison LGV et routières, ports, etc.). Certains dossiers récents tels que l’engagement dans les formations à la langue bretonne au titre du PRIC (Plan régional d’investissement dans les compétences contractualisé avec l’Etat) ont parfois suscité des questions (sur l’intérêt de ces formations pour les D.E.) voire des réserves (sur les sommes dévolues à ces formations). On notera en tous cas que dans ses avis le CESER a soutenu de manière constante les politiques de soutien à la formation des professionnels et futurs professionnels intervenants en LR (aides Skoazell pour les étudiant.es / bourses Desk pour les enseignant.es ou professionnels de la petite enfance / Atsem des écoles maternelles). Il a également toujours appelé à développer un « écosystème » des langues de Bretagne plutôt qu’un effort uniquement concentré sur le seul réseau bilingue). Du fait de sa composition le CESER n’oppose aucun des réseaux de formation dispensant un enseignement de/en LR (catholique, public EN et Diwan) ; mais on notera aussi qu’il a régulièrement souligné le rôle moteur de l’Ecole publique dans le développement des filières bilingues.

Concernant la question n°1 sur la Loi Molac et les modalités de la généralisation des LR, l’appel à défendre un écosystème des LR y répond en bonne part : pas d’exclusive pour le bilingue, pas d’oubli du gallo, et rôle central du l’Ecole publique. Le CESER a également exprimé à plusieurs reprises des réserves sur l’efficience (coût/efficacité) d’un enseignement « d’initiation » dans les écoles – dispensé majoritairement dans le finistère – assuré par des associations : le CESER en a régulièrement demandé le bilan en s’inquiétant des disparités et ruptures selon les écoles ; sans trancher la question le CESER a suggéré d’explorer la piste d’un enseignement assuré par l’EN.

Fulup Jakez : les situations régionales sont très différentes. Certaines ont une généralisation ancienne (Corse, Polynésie). Il faut voir comment cela s’est mis en place. Pour le breton (3% d’enfants dans le bilingue). Une offre généralisée est nécessaire mais prendra du temps. Le premier outil est la convention État-Région (signée en mars). Des objectifs sont posés. L’office suit pour que des moyens soient investis pour la mise en œuvre. Il y a un espace de discussion permanent avec l’État (et pas seulement lors des CALR).

Les associations ont repris le travail que faisaient les maîtres itinérants (initiation extensive). Il faut rappeler à l’État son obligation de moyens.

Benjamin Assié : des moyens spécifiques et lisibles doivent être mis en œuvre. Les moyens dédiés aux LR sont inégaux puisque certaines académies n’ont pas à assurer cette charge. Des moyens spécifiques fléchés, venant directement du ministère permettraient une meilleure équité et une meilleure évaluation (moyens/résultats). Comment les collectivités peuvent venir en soutien ? C’est une compétence de l’État. De plus il y a peu de marge de manœuvre financière pour les collectivités. Rappel du dispositif ENSENHAR pour les professeurs. Il faut concentrer les moyens autour de l’école, et des autres temps de l’enfant.

Jean-Marc Cléry : Sur la question des moyens pour la politique des LR, là encore le CESER dans ses avis ne se prononce pas sur les politiques nationales (EN) sur les postes aux concours etc. Cependant dans le cadre des avis sur les Conventions Etat-Région, il a régulièrement pointé l’inadéquation des moyens alloués par rapport aux objectifs inscrits dans celles-ci (pour rappel l’objectif de 20 000 élèves en LR pour 2010… objectif seulement atteint actuellement alors qu’on se donne 30 000 pour objectif à l’horizon 2027… Dans l’avis sur la dernière Convention le CESER a relevé le caractère ambitieux des objectifs chiffrés pour le recrutement dans le premier degré, mais leur absence s’agissant du second, degré. S’agissant des « bourses » Desk, le CESER peut aussi faire observer que la progression du nombre d’enseignant.es allocataires de ces bourses ne peut progresser davantage du fait des limites de l’enveloppe de congés formation de l’académie – et souligné aussi l’impact des congés fléchés pour la formation au breton sur le nombre total de congés formation accordé aux enseignant.es hors-LR (aujourd’hui un CF est accordé après au moins 8 années de refus par l’administration !).

Montserrat Casacuberta-Palmada : il nous faut d’abord faire un état des lieux. De quels moyens avons-nous besoin pour avancer ? Mettre en place un maillage cohérent pour aller vers la généralisation. Implication de la ville dans le périscolaire : aller en appuis des associations qui font du périscolaire, mais il y a besoin d’aller au-delà, avec un corps d’animateurs bilingues. Mais c’est un objectif difficile (manque d’animateurs). Les fiches de poste doivent faire apparaître le besoin de connaissance en langue (gallo/breton).

Benjamin Assié : la constitution dit que les LR appartiennent à tous les français, cela doit entrer dans le bagage de tous les petits français.

Jean-Marc Cléry : Le CESER n’est pas inactif sur la question des langues de Bretagne – on peut espérer même qu’un jour le CESER fera une étude sur le sujet ou bien que le Conseil régional nous saisira pour un avis spécifiquement sur la question… En attendant, un des sujets pour nous dans les échanges avec la Présidence de Région, le VP et le rectorat, c’est l’absence de siège pour le CESER au CALR. Une bizarrerie alors que le CESER dispose d’un siège au CALVE. Une place au CALR avec les CR qui en seraient faits en commission ensuite serait peut-être susceptible de renforcer l’intérêt pour ces questions au sein de notre assemblée.

Conclusion par le président de la région Bretagne.

Le cap est très clair, il y a urgence, mais une difficulté pour faire bouger l’Etat (et peur que la Région, en faisant plus que sa propre compétence, l’Etat n’en profite pour se désengager).

Dimanche 23 octobre –

VERS UN PLAN DE FORMATION – ETAT DES LIEUX DES FORMATIONS EN RÉGIONS

L’enseignement en langues régionales recouvre une pluralité de contextes, et répond à des enjeux multiples. Quels constats, quelles avancées, quelles propositions quant à la formation des maîtres ?

NB : certains intervenants n’ont pas respecté le cahier des charges (la formation des maîtres), ont présenté la situation générale de l’enseignement de leur langue…

Présentations par les membres des associations de la FLAREP, et échanges avec la salle. Modération : Jean Paul Couché, ANVT, Institut de la langue régionale flamande

Voir diaporama des interventions en ligne sur le site de la FELCO http://www.felco-creo.org/22-10-22-colloque-flarep-rennes-table-ronde-quelle-formation-des-enseignants-pour-nos-diverses-langues/

ANVT Jean Paul Couché (flamand occidental)

Ajout du flamand à la circulaire du 14/12/21.

Les avancées obtenues : 3 appels à candidatures interne et externe, 15 candidats. Création du CALR, recrutement de 2 contractuels (mais sans formation), lancement de l’initiation dans 6 écoles, 2 collèges et un lycée (environ 200 élèves), création d’un groupe de travail « formation » au rectorat de Lille. Proposition de mise en œuvre d’une formation + certifications

AES, Marc Bron (franco-provençal/savoyard)

Enfin une reconnaissance (par la circulaire). 2 écoles, un collège, un lycée (150 élèves). Les instituteurs locuteurs natifs sont tous à la retraite. Il faut mettre en place une formation. Bron est le seul formateur (à la retraite dans 2 ans). Le Rectorat est conscient de la nécessité de formation, mais pas les DASENs.

Proposition de détachements pour former les collègues. Nécessité du soutien des associations, et demande de la création d’un office public. Actuellement le financement est très faible (5000€ pour la Haute-Savoie). Des parents très motivés mais très peu nombreux.

Eltern Alsace Anne Wildy Bach (alsacien/allemand)

En Alsace, l’allemand standard est la forme écrite et l’allemand/alsacien la forme orale de la langue régionale. 20% des élèves du primaire sont en bilingue (allemand/alsacien). Il y a des budgets, des possibilités d’échanges avec l’Allemagne, de la formation pour les enseignants… mais le cursus bilingue (langue et DNL) est en manque d’enseignants et c’est la première année que les effectifs en classes bilingues baissent. L’association des parents a monté un projet Interreg (France, Allemagne, Suisse) pour récupérer des financements de l’Europe (570 000€ sur trois ans) pour créer le projet RecrutoRRs. Il s’agit d’un centre tri-national du Rhin Supérieur de promotion, de sensibilisation et de recrutement pour les métiers de l’enseignement bilingue et de la promotion de la langue régionale (allemand/alsacien).  2 ETP sont en charge d’améliorer la visibilité et l’attraction des métiers concernés et de proposer un « guichet unique » pour accompagner les candidats tout au long du processus de recrutement. En 15 mois, 500 candidats ont été accompagnés, pour au final 64 candidatures retenues et 40 personnes en poste. ¼ des candidats ne sont ni français ni allemands.

Les insuffisances de l’État sont encore suppléées par les associations.

Div yezh Breiz Eddy Penven (breton)

Association a 40 ans. CAPES (depuis 1985) CRPE bilingue depuis 2002. 5 centres de formations en langue. Nouvelle convention avec des objectifs ambitieux.

Formation des ATSEM (centre de formation pour les fonctionnaires).

Mais il y a aussi des problèmes : le CAPES bivalent est très insuffisant (entre 0 et 2 postes par an), inadaptation de la formation pour la DNL, un seul site INSPE. Budget formation qui stagne. Il y a un manque de professeur, mais des refus de demande de formation.

Enfin des classes bilingues n’ont pas d’enseignants à la rentrée, malgré le recrutement de contractuels. Problème pour faire rentrer dans l’académie des enseignants compétents en breton.

Il faut développer un plan de formation initiale et continue, des moyens spécifiques, et la formation des non-enseignants (ATSEM, AVS, AESH, AED…).

Lantant Giovanni Prianon (créole réunionnais)

La Réunion : 600 000 locuteurs. C’est une langue maternelle qui est considérée comme langue régionale. Possibilité d’enseignement en option depuis 2002. Il y a des possibilités dans la loi, mais pas appliquées ou freinées. Attentes au niveau de l’information, pour faire émerger la demande. Souvent il y a des positionnements négatifs des parents sur la langue. Il faudra aussi généraliser l’offre d’enseignement (et donc une information préalable). Les certifiés sont souvent passés dans leur valence pour échapper au statut de TZR.

La langue des élèves n’est pas prise en compte dans l’apprentissage du français.

393 enseignants sont habilités (5%) qui touchent 6% des élèves.

L’académie essaie de développer le plurilinguisme mais c’est pour noyer le créole (sans prendre en compte la LR).

FELCO Virginie Lago (occitan)

Problèmes rencontrés

Les problèmes rencontrés en ce qui concerne la formation des enseignants en occitan, sont sans surprise sensiblement les mêmes que ceux rencontrés par les autres langues régionales. Sensiblement car nous sommes confrontés à des réalités tout à fait hétérogènes d’une académie à l’autre. L’aire linguistique occitane s’étend sur

Les différences de traitement d’une région / d’une académie à l’autre se traduisent par de grandes disparités dans l’offre d’enseignement, selon la politique plus moins volontariste menée par les différentes régions occitanes et les divers rectorats.

Nous pouvons constater en regardant la carte que l’offre de formation des enseignants en occitan est concentrée sur 3 Académies des Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, seules régions dotées d’un Office Public.

  • Le CRPE spécial n’est pas ouvert dans toutes les académies.
  • Le master MEEF 1er degré n’est proposé que sur 5 sites de 3 académies. Pau pour l’Académie de Bordeaux, Carcassonne et Mende pour celle de Montpellier, Montauban et Tarbes pour Toulouse.
  • Le CRPE spécial est ouvert dans l’académie de Nice mais les candidats n’y bénéficient pas de formation spécifique en occitan.
  • Le master MEEF 2nd degré n’est proposé que dans la Région Occitanie, à l’université Jean-Jaurés de Toulouse et à l’Université Paul Valéry de Montpellier.
  • Montpellier et Toulouse sont également les deux seules universités à proposer une préparation au CAPES et à l’agrégation.
  • A noter que ces deux universités sont également les deux dernières à proposer un cursus complet de la licence au doctorat ce qui pose des problèmes quant au vivier de candidats à l’enseignement de l’occitan dans les autres académies. Les cursus ont disparu, et ont été transformés en DU (comme à Bordeaux), ou en enseignement optionnel dans des filières bien spécifiques, comme à Bordeaux et Pau, dans une filière maths. Ou en DU, toujours à Bordeaux.

Deux dispositifs spécifiques

Pour pallier le manque d’enseignants et de candidats, nous disposons de deux dispositifs :

  • Le Diplôme de compétence en langue (DCL) occitan permet à tout locuteur occitanophone de certifier ses compétences linguistiques. L’inscription est en partie prise en charge par l’OPLO.
  • Le dispositif « ensenhar », financé par l’OPLO qui se décline sous deux modalités :

– La bourse « ENSENHAR – Etudiant.e » est une aide individuelle adressée aux étudiant.e.s se destinant à enseigner en occitan auprès des enfants de 3 à 11 ans dans les écoles et filières bilingues français-occitan des académies de Bordeaux, Limoges, Montpellier, Poitiers ou Toulouse (régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie).

– « ENSENHAR – Professeur.e » : Il s’agit de l’organisation et de la prise en charge d’une formation pour enseigner la langue occitane ou une/des autre.s discipline.s en occitan, destinée aux enseignant.e.s du 1er degré et du 2nd degrés titulaires de l’Éducation nationale. Formation prise en charge par l’OPLO et enseignants remplacés par les rectorats.

Toutefois, ces dispositifs, ne sont, une fois de plus, proposés que dans les deux régions et les 4 académies (Bordeaux, Limoges, Montpellier et Toulouse) sur 8, concernées par l’OPLO.

La FELCO ne peut que réagir vivement face à ces disparités criantes, marques évidentes d’inégalité républicaine. Au niveau de la formation des professeurs des écoles comme de tout le dispositif de l’enseignement public, ces inégalités se sont creusées de décennie en décennie, ce qui amène la FELCO à parler d’académies – et de départements : les départements alpins de l’Académie d’Aix – sinistrés.

Propositions

En ce qui concerne la formation et le recrutement des professeurs du secondaire, la FELCO appelle à re-développer l’offre de formation dans toutes les universités des 8 académies occitanes et dans au moins une INSPE par académie.

La FELCO demande aussi une augmentation du nombre de valences au CAPES d’occitan langue et la possibilité pour les candidats de toutes les autres matières de présenter l’option langues régionales.

Pour le 1er degré, la FELCO demande l’ouverture du CRPE spécial dans toutes les académies occitanes ainsi que le retour de l’option facultative de langue régionale dans le CRPE « normal ».

La FELCO encourage vivement toutes les régions occitanes à mener une politique volontariste vis-à-vis des langues régionales. Nous souhaitons notamment que l’OPLO puisse concerner au plus vite l’ensemble de l’espace d’oc. Nous demandons évidemment que des conventions Rectorat / Région soient signées dans chaque académie.

AEG Annie Maudet (gallo)

Pas d’évolution réelle depuis 1984, début de l’enseignement optionnel du gallo pour la formation initiale des enseignants. Pas de CAPES, donc pas d’accès à un master malgré un enseignement sur les 3 années de Licence à Rennes 2, disparu en 2001 et recrée en 2008. Retraite des anciens enseignants, il ne reste que 4 enseignants dans le second degré. Dans le primaire, 15 minutes par jour en CM1/CM2 dans 20/25 écoles (publiques et privées confessionnelles) réparties sur les 3 départements de Haute-Bretagne, Ille-et-Vilaine, Est des Côtes d’Armor et du Morbihan La seule avancée concrète : un plan de formation continue, intégré dans la Convention État -Région de mars 2022 et confié à l’Institut du Galo

IKAS-BI, Céline Etxebarne (basque)

Le bilinguisme dans le public existe depuis 1983. 36% des élèves du public sont en section bilingue, 41% en comptant le privé associatif et confessionnel.

24 écoles publiques en immersion, 10 projets d’immersion pour la rentrée 2023. L’OPLB forme et recrute des enseignants. Il y a un problème pour les remplaçants en basque (ils sont souvent appelés pour remplacer en français).

Dans le second degré, 16/17 collèges avec une section bilingue dont certains avec une vraie parité horaire. Perte d’élèves à l’entrée en collège (un tiers) et en lycée (la moitié). Les DNL sont : histoire-géographie, maths, SVT, EPS, physique-chimie, musique, arts-plastiques. 6 collèges ont une seule DNL, 4 en ont 2, 3 collèges ont 3 DNL et 3 en ont 4 DNL.

APLEC, Alà Baylac-Ferrer (catalan)

Il y a une licence de catalan à Perpignan, mais pas assez d’étudiants (une dizaine par an). Un master MEEF à Perpignan (un poste par an)

Un DU à Perpignan qui attire des étudiants d’autres cursus.

Un manque d’enseignants et de formations. 50 certifiés en catalan + 10 en DNL, 100 enseignants dans le primaire, + intervenants de l’APLEC.

Thierry Delobel (langues de Guyane)

Amérindiens et bushinengues. 2/3 des élèves sont non-francophones mais plurilingues. Il y a une forte immigration brésilienne. Créole // bushinengue // langues amérindiennes // mong // portugais, pas de politique commune. Il y a de moins en moins d’ILM (intervenants en langue maternelle dans le primaire) et seulement pour 5 langues amérindiennes et 2 langues bushinengues.

ENSEIGNER EN LANGUES RÉGIONALES, QUELLES PROPOSITIONS POUR UN PLAN DE FORMATION (INITIALE, CONTINUE, 1ER ET SECOND DEGRÉ)

Quelle application concrète des politiques linguistiques envisagées par la législature ? Quelle répartition des compétences État/Régions ? Modération : Visant Roue, Office Public de la Langue Bretonne

  • Conseil Régional Bretagne, Arnaud Toudic, Conseiller régional

Le vivier d’enseignants est insuffisant. Mais il y a de l’espoir avec la convention et un plan « Marshall » des langues.

Licence : campagne de promotion pour valoriser le cursus (Région, OPLB, Etat), nécessité d’information pour les élèves et les parents. La Région finance la formation pour ceux qui prennent une année de « césure ». Finance des heures de renforcement (oral) pour les élèves en licence.

Visant Roue, Office public de la langue bretonne

OPLB et départements : aides financières pour les formations longues (dispositif DESK, depuis 10 ans). 1/3 des enseignants bilingues actuels ont bénéficié de cette aide.

Xalbat Itçaina, Office Public de la Langue Basque, (en visio) chargé de mission Enseignement

Ressources enseignants : formation pendant le temps de classe (univ/OPLB/EN paye et remplace les profs), « travailler en langue basque » pour les enseignants hors zone bascophone (5€ par heure de formation).

Objectif qualitatif (former des locuteurs complets), 8x3h sur le temps libre des profs (en poste) pour s’améliorer (erreurs qui reviennent, grammaire, oral…).

Esteve Cros, directeur, Office Public de la Langue Occitane, (en visio)

L’ancien cadre conventionnel (État-Régions-OPLO-Collectivités) avait donné la priorité au développement du bilinguisme. Présente le dispositif ENSENHAR étudiant et professeur qui a pour objectif d’accroitre la ressource enseignante pour le bilinguisme.

Avec la loi Molac (offre d’un enseignement de langue régionale à tous les élèves), nécessité d’ouverture d’une formation complémentaire plus légère et plus accessibles pour les professeurs (une généralisation progressive d’une offre d’enseignement extensif pourrait être envisagée en complément du développement de l’enseignement bilingue).

Par ailleurs, nécessité d’ouverture, comme pour le breton et le corse, d’un mouvement spécifique pour faire entrer des professeurs compétents dans les académies occitanophones.

  • Nathalie Trehel Tas et Jérôme Bouthier, Institut de la Langue gallèse,

Construire le développement d’une filière, vers une certification,

  • Marie-Jeanne Verny, FELCO, Compétences en matière de politique linguistique : État et/ou collectivités territoriales ?

voir diaporama en ligne à l’adresse : http://www.felco-creo.org/wp-content/uploads/2022/11/2210-16-Comp%C3%A9tences-en-mati%C3%A8re-de-politique-linguistique-FELCO-coll%C3%B2qui-FLAREP-2022-2-Lecture-seule.pdf

L’intervention reprend une déjà ancienne réflexion de la FELCO sur le danger de vouloir transférer les compétences en matière d’enseignement de langues régionales aux collectivités territoriales. D’ailleurs, ce danger a été pointé pendant le colloque par plusieurs représentants des collectivités. Pour la FELCO, si le rôle que peuvent jouer les collectivités en matière de politique linguistique favorisant les langues régionales est très important, il n’est pas question d’encourager un désengagement de l’État en la matière et ce pour plusieurs raisons :

  • L’espace occitan ne correspond pas à une seule collectivité et le risque est grand de voir telle ou telle faire cavalier seul. Par ailleurs, la FELCO défend le principe de l’enseignement dans la diaspora
  • Toutes les collectivités concernées n’ont pas signé encore de conventions
  • La « décentralisation » telle qu’elle se pratique pour tel ou tel domaine se fait sans les moyens nécessaires
  • Les collectivités, étranglées par de nombreuses charges, risquent d’avoir d’autres priorités
  • Les enseignants d’occitan ont un statut de fonctionnaire d’État et ne tiennent pas à se trouver coupés, au sein des établissements, de leurs collègues par un statut différent
  • Les langues régionales sont « langues de France » ; à ce titre, elles doivent bénéficier de crédits nationaux
  • Les collectivités territoriales ont de nombreuses possibilités d’accompagnement du développement des langues régionales dans le cadre de leurs compétences
  • Présence active et volontariste dans les CALR et groupes de travaux départementaux – pressions auprès des rectorats concernés
  • Aide aux publications et l’animation pédagogiques
  • Campagnes de promotion pour le métier d’enseignant de langue régionale
  • Bourses d’études pour les futurs enseignants des premier et second degré
  • Soutien à la création culturelle
  • Campagnes de valorisation de l’image de la langue.
  • Signalétique bilingue et donc développement de la présence de la langue dans l’espace public.
  • Recrutement de personnels (habilités et contrôlés par l’Education Nationale) chargés dans les établissements de l’animation sur la langue et la culture régionales dans le temps péri-scolaire…

Pour conclure, la FELCO se prononce pour un partenariat État / collectivités et insiste sur la signature de conventions exigeantes entre l’État et les collectivités territoriales.

ET MAINTENANT ? QUELLES COMPLÉMENTARITÉS ENTRE LES DIFFÉRENTS ACTEURS DE L’ENSEIGNEMENT PUBLIC POUR UN PLAN DE FORMATION ?

Témoignages de terrain et bonnes pratiques. Quels constats à partir de cas relevant de l’organisation scolaire ? Regards croisés. Modération : Marina Nedellec, SNES Bretagne,

  1. En préambule, Judith CASTEL, de Div YEZH, indique que toutes les organisations syndicales ont été invitées. Sud Éducation s’est excusé, les autres syndicats n’ont pas répondu, à l’exception de la FSU (SNUIPP et SNES).

Présents à la table ronde : Antoine Gauchard, SNUIpp, Judith Castel Div yezh Breiz, Mathieu André, professeur hist-géo en breton / SNES-FSU, Cédric Choplin, parent d’élève, Christophe Moreau, Div Yezh

Quelques éléments des échanges à compléter / corriger par les intervenants :

L’enseignement optionnel des LR est en déclin, réforme après réforme.

Complémentarités : élus, parents, associations, EN. Échanger et se mettre d’accord pour avancer. Il faut que les syndicats soient consultés pour la rédaction de la convention.

Initiation dans le premier degré : autrefois il y avait des instituteurs qui tournaient dans les écoles (initiation ? Sensibilisation ?). Pour faire une initiation dans les écoles 4 manuels ont été publiés (chants, danses, toponymie et noms de famille). Cela a disparu au bénéfice du bilinguisme.

Il faut un cadre clair, avec une place dans l’emploi du temps. « Un enseignement pas obligatoire, mais obligatoirement proposé. »

L’option est un moyen de développer. L’option facultative est en net recul depuis 2016, pourtant c’est un moyen de récupérer des locuteurs qui n’avaient pas pu bénéficier du bilinguisme.

La généralisation en 6° permet d’assurer des effectifs pour le reste du collège.

La demande de moyens spécifiques et d’un statut de la langue régionale pour la sortir de la concurrence d’avec les autres enseignements.

LANGUE RÉGIONALE : DE LA SENSIBILISATION À LA GÉNÉRALISATION DE L’OFFRE

Objectif, mise en place, élargissement : comment procéder à la généralisation de l’enseignement de langue régionale ?

Comment l’enseignement peut –il être un outil pour intégrer l’usage des langues dans le quotidien ? Quelle sensibilisation au statut de la langue ?

Modération : Alà Baylac Ferrer, APLEC

APLEC 40 salariés (9 000h de cors/an), 9 000 élèves, 50 communes. Financement 50% commune/ 50% départements (300 000€ ?).

La sensibilisation ne fait pas des locuteurs, mais augmente le nombre de personnes (familles) engagées dans l’enseignement de la langue.

L’association pallie au désengagement de l’EN, les moyens humains ayant été captés pour développer le bilinguisme.

Accord cadre EN, Région, Département. Enseignement du catalan partout et pour tous. Question des moyens et de la mobilisation de l’EN. L’EN est engagée au sein de l’OPLC.

L’association est la roue de secours de l’EN, n’en fait-elle pas trop ? Ne justifie-t-elle pas la faible mobilisation de la DSDEN ?

Joël Sansen (ancien IEN et conseiller du recteur) flamand occidental

L’EN n’est pas si centralisée que cela. Les recteurs ont beaucoup de pouvoir pour mettre en œuvre des politiques académiques (« vice-ministres »). Mais elle est très hiérarchisée : les petits chefs locaux se donnent plus de pouvoir qu’ils n’en ont.

Quand le droit n’est pas appliqué, il ne faut pas hésiter à aller (ou menacer, pour commencer) au tribunal administratif.

Il faut répondre en même temps au recrutement de la ressource, à sa formation et aux propositions d’enseignement.

Objectifs : CM1, 6°, lycée : démarrage de l’enseignement à 3 niveaux, dans 4 pôles géographiques. 2 ETP (contractuels). Mais tout n’a pas été appliqué.

Il faut former les cadres (chefs d’établissement, IEN…) aux langues régionales.

Marc Bron, franco-provençal

Parcours Mare Nostrum : 1h semaine, sur les moyens de l’établissement. Une vingtaine d’élèves par établissement.

Proposer au plus grand nombre, mais sans professeur formé.

Permet d’avancer vers une sensibilisation.

Rita Peix[9]

La sensibilisation c’est l’éveil aux langues. Ce n’est pas évalué, ce n’est pas de l’enseignement.

Information et formation des différents partenaires (responsables administratifs, parents). À mener avec l’EN.

QUELLE OFFRE DE FORMATION POUR LES ENSEIGNANTS DU 1er ET DU 2nd DEGRÉS ? QUEL ACCOMPAGNEMENT ?

Présentation du master Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation, Parcours professeur des écoles bilingues. Leviers et freins dans le recrutement, analyse des publics. Modération : Fabrice David, IA-IPR de langues et cultures régionales de l’Académie de Rennes

Bretagne

  • Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education en Bretagne[10],

Présentation du master MEEF et du suivi des stagiaires. Intervenants : formateurs de l’INSPE (valence, didactique), CPD, PE et PEMF (didactique), universitaires (langue et littérature). Littérature jeunesse, leur utilisation, manuel (apprentissage des langues, des maths).

TES (CANOPE Bretagne) traduit et adapte.

Apprentissage intégré des langues.

Stages d’observation et de pratique accompagnées dans les 3 cycles et dans une classe particulière.

Tuteur INSPE + tuteur terrain

La Réunion[11]

Accompagnement des stagiaires.

Licence pluridisciplinaire : donner une formation didactique poussée, attirer les « bons élèves » pour avoir de meilleurs résultats au concours et de meilleurs professeurs. Mais pas de formation en langue catalane (prise en charge par l’UPVD). Donc double cursus INSPE/université.

Problèmes : manque de visibilité et de valorisation de la spécificité de CRPE LR et de la formation à l’enseignement bilingue.

Voir http://www.adeb-asso.org/ressources/abcdaire-des-gestes-professionnels/

Académies du territoire de l’OPLO (Bordeaux, Limoges, Montpellier, Toulouse,[1] Martine Ralu, Oc-bi.

Ensenhar, un dispositif multiforme de l’Office Public de la Langue occitane pour augmenter le nombre d’enseignants bilingues , Voir diaporama associé : 2211-10-Présentation Ensenhar FLAREP 2022_4
Le principe a évolué avec le temps, actuellement, les enseignants sont entièrement déchargés sur une année, payés à temps plein par les rectorats qui assurent les remplacements, le coût de la formation étant supporté par l’OPLO.

Le dispositif a d’abord été ouvert en Région Aquitaine : où former en langue les enseignants ? Il n’y avait pas de possibilité à l’Université, ni à l’INSPE, un marché public a donc été ouvert et proposé à des associations : IEO, CFPO, EOE.

Le dispositif a été étendu récemment aux académies de Toulouse et Montpellier, toujours avec un système de marché public, d’où les protestations du CREO Lengadòc (association membre de la FELCO pour l’académie de Montpellier) qui demande que les enseignants du public soient formés par le service public, puisqu’il existe des formations à l’Université et à l’INSPE.
L’université Paul-Valéry de Montpellier a emporté le marché pour la deuxième année consécutive, après diverses tribulations fort regrettables.
La formation consiste en 26 semaines de formation (624h) stages (10 semaines) en classe et au CAPOC (CANOPE Bordeaux).
Engagement des enseignants formés :
-enseigner 5 ans en occitan
-passer le DCL
Remarques : le dispositif ENSENHAR, une avancée pour les académies occitanes concernées, mais ailleurs ?
Corse : 20 ETP/ an en formation pour le corse
Calais : 300 enseignants en anglais sur 2 ans.

Le parcours de l’enseignant en langues régionale, de la formation à la classe –  Quels engagements syndicaux ?

• Les positions du SNES / FSU, Gwénael Le Paih, secrétaire national adjoint

Voir son intervention intégrale : http://www.felco-creo.org/23-10-22-intervention-snes-fsu-colloque-de-la-flarep-a-rennes/ 

En préambule, G. Le Pailh rappelle « l’attachement particulier du SNES » – et de la FSU – pour « l’enseignement des langues régionales à l’école publique » et l’attention portée par ce dernier à son développement au sein du service public.

Il insiste sur l’importance, pour ce faire, du lien entre organisations syndicales et associations et énumère les revendications portées par le SNES-FSU. Il regrette, malgré son importance symbolique, que la loi dite « Molac » ne réponde pas à la question cruciale des moyens alloués. Il évoque la défense par le SNES-FSU des conditions de travail des collègues de langues régionales, qu’il défend en participant aux différentes instances ou il siège.

Quant à la question de la formation, le SNES-FSU est conscient des difficultés rencontrée. Tout en replaçant les choses dans un contexte général délétère, il s’oppose à la nouvelle réforme de la formation et des concours et rappelle l’importance de l’accès au concours après le M2 tout en revendiquant, en parallèle, des prérecrutements dès la licence. Pour parer au manque d’enseignants, le SNES-FSU demande la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement.

Gwen Le Pailh conclut sur la nécessité d’unir les forces et annonce que la FSU mettra prochainement à l’ordre du jour d’un stage fédéral la question de l’immersion dans le public et insiste sur la place accordée aux langues régionales dans la réflexion menée au sein du SNES-FSU au sujet de la réorganisation du lycée.

• La formation à l’Université : Cédric Choplin, Université de Rennes2

Problème de ressource en enseignants. Mais tous les étudiants ne se destinent pas à l’enseignement. Donner envie de devenir enseignant (conditions de travail). L’université forme des locuteurs polyvalents.

Un parcours « débutant ». Ces élèves ont souvent une idée de parcours professionnel. Ils rejoignent les autres étudiants après la première année de langue (intensive).

Un parcours « confirmé » pour les élèves qui viennent de l’immersif ou du bilingue.

Importance de l’option à tous les niveaux pour « prendre le train en marche » à tous les âges sans attendre l’université.

  • Jean Marc Cléry, FSU Bretagne :

La formation continue des enseignant.es de/en langues régionales est un des leviers essentiels pour assurer la pérennité des filières. Lorsque le CALR débat du développement des filières cet aspect n’est pas abordé hormis par la FSU.

Ce problème dépasse les seules LR, et la FSU pointe régulièrement l’insuffisance du Plan académique des formations disciplinaires et didactiques (PAF), réduit d’année en année et qui se limite aux seules formations aux réformes. Or l’État a en la matière une responsabilité en tant qu’employeur.

Mais la question est aussi celle des moyens : au-delà du contenu du catalogue des formations, la formation continue ne peut pas fonctionner si les moyens en remplacement ne sont pas à la hauteur. S’agissant du premier degré, la réforme de la formation des PE a eu également un impact sur l’organisation du remplacement des collègues en poste.

Tous ces problèmes se posent de manière plus aiguë pour les enseignant.es de/en LR dont les besoins d’accompagnement pédagogique et didactique sont d’autant plus importants qu’ils ont rarement sur place une équipe de collègues sur laquelle s’appuyer.

Souvent les collègues ayant suivi la formation au DCL et qui commencent tout juste en bilingue se sentent encore fragiles dans la pratique de la langue. Or ces premières années, parfois très difficiles, sont déterminantes et jouent dans l’épuisement professionnel des collègues – surtout que vient s’ajouter très souvent la pression de porter seul.e la filière dans un établissement.

Soit dit en passant, en CALR le rectorat qui pointe souvent la faiblesse du niveau aux concours et qui évoque les « fuites » de certains collègues vers le monolingue n’a toujours pas développé le plan académique d’accompagnement que nous appelons de nos vœux.

Il existe certes des animations pédagogiques dans le premier degré mais cet accompagnement est inégal suivant les secteurs géographiques et en fonction de la situation des écoles. À noter que dans les années 2015-16, à l’arrivée du nouvel IPR LR, les collègues du second degré, sous l’impulsion de la FSU (réunions spécifiques du « groupe métier » LR), ont porté un projet de « groupe de secteur » (actuellement appelés « coopératives pédagogiques appuyées sur les réseaux d’établissement »). Ces groupes de secteur limités dans le temps ont pour objectif de répondre à une demande de formation sur des sujets spécifiques. Il y avait eu alors un vrai soutien académique mais malheureusement au bout de deux ou trois ans, le projet n’a plus été porté et il n’y a pas eu d’autre animation de la part de l’inspection pédagogique pour le renouveler.

• Le rôle des centres de formation, Emmanuelle Siohan, « skolen enzau » Morwena Audic

Donner des compétences en breton pour utiliser la langue en milieux professionnel et privé. Donner des connaissances du cadre culturel et historique.

Stage en immersion en entreprise.

• Présentation de la licence Sciences de l’Education parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE),

Frédéric Pogent, département Sciences de l’Education,

Gwénolé Larvol, Université de Bretagne Occidentale, Jean-Luc Mennessier (proviseur)

Modération : Erwan Hupel, Laboratoire Celtic BLM Rennes2

 

[1] Docteur en droit public, Responsable du Pôle sud basque, Communauté d’Agglomération du Pays Basque

[2] Professeur des universités Département Communication et au Centre d’Études des Langues, Territoires et Identités Culturelles – Bretagne et Langue Minoritaires (CELTIC-BLM) Université Rennes 2

[3] https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no=73395&no_revue=875&razSqlClone=1

[4] Conseiller régional région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, délégation langue occitane et catalane

[5] Div Yezh Breizh

[6] Rennes Métropole

[7] Conseil économique, social et environnemental régional – Région Bretagne

[8] Président de la FELCO, Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc de l’Éducation Nationale

[9] Maîtresse de conférences en didactique des langues et du bi/plurilinguisme, Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education Université de la Réunion, Laboratoire DIRE.

[10] Elisa Bleunven, coordonnatrice pédagogique 1er degré breton, Cyril Mocquard, coordonnateur pédagogique 2ème degré breton, Fabrice David, IA-IPR de langues et cultures régionales de l’Académie de Rennes, Jérôme Palud

[11] Rita Peix-Vallot, Maîtresse de conférences en didactique des langues et du bi/plurilinguisme, Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education Université de la Réunion, Laboratoire DIRE.

[12] Martine Ralu, Oc-bi.

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