Le CREO Lengadòc a choisi cette année de placer sa journée de rencontre et d’étude sur un thème, organisé depuis 2013 à l’occasion de Total Festum, dans le cadre de la « Setmana de l’innovacion pedagogica » des 15-17 juin mise en oeuvre par le CIRDOC.
Riche programme, élaboré, comme à l’accoutumée, sur la base du croisement des expériences et des analyses des professionnels du théâtre et des enseignants.
Le matin, André Clément a fait une intervention très vivante et documentée sur son travail de conseiller pédagogique initiateur de la « Méthode Artigal » dans notre académie, montrant comment en quelques vingt ans, les pratiques d’enseignement de la langue en premier degré
s’étaient construites sur des activités de langue liées à des formes de jeu théâtral où la parole, la gestuelle et la communication avaient une place essentielle. Il a élargi le propos à son activité actuelle de « one man show » en occitan, expliquant, avec des exemples, les choix linguistiques qu’il doit opérer en permanence pour être compris de son public sans se traduire.
Deux professeurs ont fait état, projections à l’appui, de l’utilisation du théâtre dans leur enseignement de la langue occitane. Claudine Paul, professeure certifiée au collège de Brignon, a fait appel à de nombreuses troupes théâtrales et acteurs de la région, soit pour initier ses élèves au théâtre en leur montrant des spectacles de qualité, soit pour les inciter à intervenir eux-mêmes, sur la scène ou dans le cadre de vidéos. Cathy Ndiaye, professeure certifiée, actuellement en poste au lycée de Lunel, a d’abord évoqué l’expérience décisive que fut pour elle la « Mise en voix de l’Enfer de Dante traduit par Max Rouquette », sous la direction de Flavio Polizzy (trois professeurs de Béziers, Montpellier et St Chély d’Apcher avec leurs élèves avaient participé à ce projet éducatif financé par la Région LR. Voir la communication à ce sujet de Magali Fraisse au colloque de la Flarep en octobre 2016 sur le site http://www.flarep2016.com/). Cathy N. a ensuite décrit une expérience plus modeste mais réellement innovante, venue de ses élèves qui ont proposé de tourner de petites saynètes à montrer aux élèves des collèges environnant pour les motiver à choisir l’option occitan.
Échanges nombreux.
Repas sous les platanes rescapés du Champ de Mars.
L’après-midi, Jeanne-Marie Vazelle, responsable audiovisuel et contenus éducatifs au CIRDOC, présente une plaquette qu’elle a préparée sur les ressources du CIRDOC en matière de théâtre occitan utilisable actuellement dans les classes. Le document intitulé En scèna ! Le théâtre occitan pour petits et grands, de format A5 en couleur, et de présentation très soignée, devrait être diffusé à tous les enseignants d’occitan : ils y trouveraient un choix pertinent de textes d’auteurs (Claude Alranq, Marceu Esquieu, Anne Clément, Yves Rouquette mais aussi Francis Gag, Léon Cordes, Max Rouquette ainsi que des références aux documents en ligne, en particulier l’exposition « Jòga ! » sur http://occitanica.eu.
C’est ensuite Jean-Claude Forêt et Bruno Cecillon qui font à deux voix, celle de l’auteur, celle de l’acteur et adaptateur, la présentation du spectacle Vidassa vidanta au théâtre de la Rampe, spectacle qui a déjà tourné dans l’académie de Toulouse, pour un public scolaire. La place du théâtre d’auteur est en question dans la production contemporaine. Jean-Claude Forêt a laissé à la Rampe toute liberté d’adaptation de ses textes… très librement adaptés, semble-t-il, en raison de choix esthétiques et dramatiques dont Bruno Cecillon fait l’exposé, à l’aide de diverses prises vidéo du spectacle. Un très intéressant échange amical et hautement professionnel.
Il revenait à Gargamèla de clôturer la journée. Anne Clément a de manière émouvante (pour tous ceux qui dans l’assistance gardent le souvenir de cette longue et belle aventure) égrené les très nombreux spectacles que la compagnie a montés en relation avec les projets pédagogiques académiques du premier degré et avec la participation des conseillers pédagogiques en fonction, depuis 1993 jusqu’à 2014. Un travail de fond. Chaque spectacle donné au cours des rassemblements de fin d’année avait fait l’objet d’un travail de toute l’année dans les classes. Les élèves avaient le livret, ils connaissaient les personnages, le fil de l’histoire, les mots pour le dire, les chansons interprétées par les acteurs. Un travail exemplaire. L’amertume de voir ce travail brutalement interrompu par la suppression de l’animation pédagogique (1/2 poste qui existait depuis 20 ans) et par de nouvelles nominations de CPD a été exprimée par Anne Clément et par toute la troupe : les décisions des autorités académiques ont des conséquences directes sur la collaboration avec les artistes de la région, sur l’existence même des projets, sur la dynamique de l’enseignement de l’occitan à l’école publique. En voilà précisément un exemple navrant.
Toute la troupe a procédé ensuite à des lectures théâtralisées de textes, notamment du feuilleton radiophonique Lo viatge de Joana saison II (http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/368). La saison I a déjà servi de support pédagogique pour certains collègues.
La discussion se prolonge au moment de l’apéritif offert par le CIRDOC, et ce fut l’occasion de fêter l’arrivée d’un nouveau collègue, titulaire du CAPES 2017 : Julien Konopnicki, présent à la journée, et aussi le départ à la retraite de notre collègue Gilles Dazas, professeur à Albert Camus, Nîmes.
Le but de cette journée fut atteint dans la mesure où les échanges ont été de qualité entre personnes responsables et motivées, dans un climat chaleureux à tous points de vue. On peut regretter que l’assistance n’ait pas été plus nombreuse – malgré un certain passage – mais la date, un samedi de mi-juin, correspond à une période d’activité importante : bac pour les uns, rassemblements académiques pour les autres…
Le CREO remercie la région Occitanie et Total Festum , le CIRDOC et Jeanne-Marie Vazelle, les professeurs, étudiants, théâtreux et visiteurs qui ont contribué à son succès.