21-04-19 – réforme des lycées : les dangers sont toujours là !

La FELCO analyse un document ministériel visant à rassurer sur les effets de la réforme des lycées

Récemment, le Ministère a mis en ligne un document intitulé « Un enseignement des langues régionales RENFORCÉ ET VALORISÉ » destiné à rassurer tous ceux, parents, enseignants, élus, qui manifestaient leur inquiétude face aux graves menaces que faisait courir à nos enseignements la réforme des lycées en cours d’étude : http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Bac2021/05/0/2019_langues_regionales_infog_1086050.pdf

ou 2019_langues_regionales_infog_1086050

La FELCO s’est employée à démonter ce document : 1904-02-Réforme des lycées-Doc-MEN-corrigé FELCO.

Notre relecture de ce tableau

Voici, en résumé notre relecture de ce tableau. LES LANGUES RÉGIONALES RENFORCÉES ET REVALORISÉES ? Que dire de l’information officielle du Ministère de l’Éducation Nationale concernant les possibilités de suivre un enseignement de langue régionale. Qu’en est-il pour l’occitan ?

  • La LV2 / LVB bénéficie du même nombre d’heure d’enseignement, mais le coefficient est différent : la comparaison du coefficient antérieur sur un total de 40 et du futur sur un total de 100 ne cache pas la dévalorisation : la LVB passe d’un coefficient entre 5 et 10 % à 6 %.
  • La LV3 / LVC passe également d’un coefficient entre 2,5 et 5 % (1 ou 2/40) à 1 %. C’est là aussi une dévalorisation.  C’était le mode d’enseignement que choisissaient la plupart des élèves en langue régionale.
  • De plus les options facultatives étaient des options bonifiantes, c’est à dire que seuls les points au dessus de la moyenne comptaient. Et on nous parle de revalorisation ?
  • Enfin il est maintenant impossible de passer une épreuve de langue en candidat libre alors qu’il y a moins d’établissements qui proposent un enseignement de langue régionale : et on invoque le renforcement ?
  • Il y a bien un renforcement de la spécialité, qui passe de 3 + 3h à 4 + 6h et une augmentation du coefficient. C’est effectivement un vrai renforcement et une vraie revalorisation. Mais cette possibilité est offerte dans un nombre réduit d’établissements et sa pérennité sera soumise aux effectifs. Et on invoque encore le renforcement ?
  • Chose étrange : c’est le seul endroit où l’on nous gratifie d’une comparaison sur le total de 100 coefficients ; or le maximum de 23 % est uniquement théorique puisqu’il ne concernerait que les élèves ayant renoncé à une seconde langue étrangère dans les  établissements français proposant cette possibilité. La plupart conserveront une LVB étrangère et auront un coefficient de 18 %. Et on nous parle de « renforcement et revalorisation » ?

Quelles sont nos demandes pour la place des langues régionales au lycée ?

Pour la réforme du lycée, il y a unanimité maintenant (associations, élus impliqués, régions concernées,  Association des régions de France ( ARF)  pour demander en priorité  l’égalité de traitement entre les langues régionales et les langues et cultures de l’Antiquité pour l’option facultative c’est à dire

  • possibilité de choisir la langue régionale comme première ou seconde option ;
  • coefficient 3 pour l’une et l’autre ;
  • bonification ce qui veut dire que seuls les points au dessus de la moyenne sont pris en compte ( et multipliés par 3…);

Pour quelles raison ces demandes ?

  •  la LV3 a été supprimée ou, si l’on veut, fusionnée avec l’option facultative et complètement dévalorisée;
  • cette dévalorisation de l’option facultative (LVC) qui perd toute attractivité est grave pour bon nombre des langues vivantes actuellement enseignées, sacrifiées par le ministère au profit du couple banal anglais-espagnol. Mais elle est encore plus grave pour les langues régionales. Celles-ci sont des langues vivantes, mais elles ne sont pas des langues étrangères. À ce titre et compte tenu de leur situation « en danger de disparition », un statut, des mesures et des modalités spécifiques de valorisation sont indispensables à leur sauvegarde et à leur transmission;
  • c’est la LV3 (comme option dite « obligatoire ») et surtout l’option facultative bonifiante  qui rassemblaient – et de loin – la très grand majorité des élèves  (plus de 80%). Très peu  d’élèves prenaient l’occitan en LV2 (demain en LVB…) pour ne pas se priver d’une deuxième langue étrangère;
  • sans cette égalité de traitement ce sera l’effondrement des effectifs en lycée déjà en baisse ces dernières années… voire la fermeture de la majorité des cours ;
  • les EDS ne peuvent concerner qu’une  petite minorité d’établissements en Pays d’oc  et une  infime minorité d’élèves qui souhaitent se spécialiser et acceptent de se priver d’autres spécialités… Certes il nous faut quelques spécialistes  pour diverses professions, notamment l’enseignement, mais l’objectif est bien qu’une majorité d’élèves puissent suivre un enseignement et devenir des locuteurs tout en se préparant à diverses carrières sans rapport;
  • il n’y a pas de raisons que ce qui est possible pour les langues de l’Antiquité dont l’enseignement était aussi menacé comme celui des langues régionales ne le soit pas pour ces langues régionales qui sont aussi des langues de culture, d’héritage, patrimoniales qui font partie des Humanités….
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