18 h à 20 h salle 002-Kouros – site Saint-Charles 2 de l’Université Paul-Valéry, tram Albert 1er – Lien visio conférence : https://univ-montp3-fr.zoom.us/j/94165807554
- Cecila Chapduelh, Mina de plomb, Mina de ren, Jorn
http://www.editions-jorn.com/livre-chadeuil.htm
- Adeline YZAC, Quò’s pas per res, Reclams
https://www.reclams.org/fr/catalogue/produit/155-quo-s-pas-per-res-pas-pour-rien
- Gérard Zuchetto, Las ombras de la lutz, Tròba Vox
Voir sur le site de l’éditeur : https://trobavoxeditions.com/la-collection/
Cecila Chapduelh, Mina de plomb, Mina de ren, Jorn,
Ce recueil illustré de dessins à la mine de plomb de Jué (d’où son titre) comporte deux parties, deux grosses douzaines de chansonnettes et une bonne dizaine de portraits en prose.
Les Chansonnettes de rien (le diminutif et la négation affirment la volonté de ne pas trop se prendre au sérieux) reprennent avec malice la forme et le ton des rengaines populaires, mais elles rompent de façon radicale avec les thèmes et les clichés qu’on pourrait attendre d’une « poésie féminine » (si tant est que ça existe). Elles sont pleines de méchanceté et d’esprit (de mauvais esprit), un peu comme ces pastourelles médiévales où la bergère rembarre crûment le noble cavalier qui la courtise, sauf qu’ici c’est elle qui drague ouvertement le gentilhomme, en « patois » bien sûr. Elles affirment tout aussi crûment le droit des femmes à exprimer leur désir sans détour. On aurait tort cependant de les réduire à leur aspect provocateur. Ces chansonnettes peuvent être aussi chansons d’amour sincère, même s’il est formulé dans le langage des simples. Quant aux Portraits photosensibles, ce sont de petits contes burlesques, des portraits fantaisistes de créatures imaginaires, comme le caméléon polyglotte qui prend l’accent de ses interlocuteurs ou l’épitaphographe qui rédige avec virtuosité les quelques mots qu’on mettra sur la tombe d’un disparu. La définition de son cahier des charges forme un embryon d’art poétique qui vaut aussi, peut-être, pour la poétesse elle-même : « Sensibilité, concision, poésie, voilà ce qu’il faut pour faire ce métier. » Bon de commande sur ce lien.
Adeline YZAC, Quò’s pas per res, Reclams
Recueil de poésie d’Adeline Yzac. Il y a cet élan de la langue et voici que le poème parait : moqueur, chagrin, vigoureux, bavard, pointilleux… oui, la langue et la parole ne cèdent pas et répliquent. Tenter de leur clouer le bec ? Impossible !
Bilingue français et languedocien. Bon de commande sur ce lien.
Gerard Zuchetto, Ombras de la lutz, Coll. Votz de Trobar 53 – 204 p.
Cinquanta sièis poèmas per ensajar dire la part d’ombra que plega lo camin de la vida, evocar las injusticias, las guèrras e aquesta clamor que de pertot s’ausís montar, un crit de totas las dolors que se va espandir per lo mond.
Un testimòni de l’errança d’aquel que se troba un camin als vents contraris e puèi a tot astre se’n va per tot çò que s’es trobat de çò que non es e de çò qu’es… entre gat e aucèl o la quimèra d’Arezzo.
Cinquante-six poèmes pour essayer de dire la part d’ombre qui marque le chemin de la vie, évoquer les injustices, les guerres et cette clameur que l’on entend monter de toute part, un cri de toutes les douleurs qui se répand à travers le mode.
Un témoignage de l’errance de celui qui trouve un chemin parmi les vents contraires et puis s’en va au hasard de tout ce qu’il a trouvé de ce qui est de de ce qui n’est pas… entre chat et oiseau et la chimère d’Arezzo.
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Nous évoquerons aussi deux récentes publications de l’auteur
Gerard Zuchetto, FLAMENCA ! Coll. Libre-CD07 1 CD, 114 p.
Retrobar Trobar e Joglar
A partir de la poesia cantada, lo trobar ven una idèa artistica revolucionària de las mai sabentas e pertinentas dins los camps de la literatura e anóncia totes los corrents de la poesia lirica. Los trobaires son als antipòds dels imatges folclorics còlportats pels istoriografes.
Uèi, es pas una suspresa que lors eretièrs, poètas cantaires d’expression liura, reprengan per eles meteisses los ensenhaments de l’Edad Mejana occitana e l’apellacion « trobadors ». N’es atal per la cançon occitana contemporanèa coma foguèt lo cas per la protest song americana, de Woody Guthrie a Bob Dylan… e la cançon engatjada. L’Art de trobar es un art poetico-liric que los trobaires fan rimar amb totas lors exigéncias artisticas e « relacionalas », per emplegar un mot a la mòda, dont Art d’amar e Art de cantar. Mas l’art de « joglar » englòba d’autras practicas tanben elaboradas aital coma ne testimònia l’evocacion seguenta dins lo Roman de Flamenca, vèrses 592 a 616 :
(…) Apres si levon li joglar RF v. 592-616
cascus se volc faire auzir
adonc auziras retentir
cordas de mainta tempradura
qui saup novela violadura
ni canso ni descort ni lais
al plus que poc avan si trais
l’uns viola·l lais del cabrefolh
e l’autre cel de tintagolh
l’us cantet cel dels fins amans
e l’autre cel que fes Ivans
l’us menet arpa l’autre viola
l’us flautela l’autre sibla
l’us mena giga l’autre rota
l’us ditz los motz e l’autre·ls nota
l’us estiva l’autre flestela
l’us muza l’autre caramela
l’us mandura e l’autr’acorda
lo sauteri ab manicorda
l’us fai lo joc dels bavastels
l’autre jugava de coutels
l’us vai per sol e l’autre tomba
l’autre balet ab sa retomba
l’us passet cercle l’autre salh
neguns a son mestier non falh…
(…)Après se lèvent les jongleurs
chacun voulant se faire entendre !
Alors tu aurais entendu retentir
cordes [montées dans] plusieurs tempéraments
celui qui connaissait nouvelle façon de vièler
canso, descort et lai
se poussait le plus avant qu’il pouvait.
L’un vièle le lai du chèvrefeuille
l’autre celui de Tintagel
l’un a chanté celui des amants fidèles
et l’autre celui que fit Ivain
l’un a joué la harpe, l’autre la vièle
l’un joue de la flûte, l’autre du sifflet
l’un de la gigue, l’autre de la rote
l’un dit les paroles, l’autre les note
l’un joue de l’estive, l’autre du galoubet
l’un de la cornemuse, l’autre du chalumeau
l’un joue de la mandore et l’autre accorde
le psaltérion avec le manicorde
l’un fait le jeu des marionnettes
l’autre jouait des couteaux
l’un se roule par terre et l’autre fait des cabrioles
l’autre a dansé avec sa coupe de verre
l’un passait dans un cerceau, l’autre en sortait
aucun ne faillit à son métier.
Sources
Principale (s) édition (s) : Meyer Paul, Le roman de Flamenca, d’après le manuscrit unique de Carcassonne, Paris-Béziers, 1865 ; Revillout Ch. De la date possible du roman de Flamenca, Paris-Montpellier, 1875 (Revue des Langues Romanes) ; Debenedetti Santorre, Flamenca, Torino, 1921 (Opusculi di Filologia romanza) ; Anglade Joseph, Le roman de F. Paris, 1926 (de Boccard) ; Nelli René et Lavaud René, Les troubadours vol.II (Desclée De Brouwer, 1960) ; Le roman de Flamenca. Nouvelle occitane du 13è siècle. 2 vol. Berne, 1976 (Texte établi et commenté par U. Gschwind).
Gerard Zuchetto, Anonimes. La Tròba vol. 6, Coll. Libre-CD05 2CDs – 32 cançons, 64 p.
Enregistrat a l’Abadiá de Fontfreda, Auda en octòbre 2022
Anthologie chantée La Tròba – Vol.6 – ANONIMES
Après avoir publié les 248 chansons d’attributions nominatives, Gérard Zuchetto présente les troubadours anonymes soit 32 chants dont l’origine troubadouresque ne peut être certifiée. Issus de fragments et de brefs de parchemin, ces chansons furent recopiées puis disposées au hasard dans les chansonniers. Ces témoignages, en général tardifs et d’un intérêt inégal, représentent un autre trobar, une approche popularisante de ce qu’avait pu être l’art lyrique des Cansos des XIIe-XIIIe siècles.
En hommage aux travaux de Robert Lafont et Ismaël de la Cuesta, cette création originale a été enregistrée par Troubadours Art Ensemble – Gerard Zuchetto à l’Abbaye de Fontfroide au mois d’octobre 2022, faisant suite au programme européen Europe Créative Despertant Instruments Adormits – Le réveil des instruments endormis (2020-2022) consacré aux instruments de musique du Moyen Age.
Ressorsas
Ms. BNF fr. 22543 ; fr.12473 ; fr. 844 et R71 Supra – Milan. Robert Lafont, Ismaël de la Cuesta : Las Cançons dels Trobadors, IEO, Tolosa, 1979. Gerard Zuchetto : La Tròba, l’invention lyrique des troubadours XIIe-XIIIe siècles, Tròba Vox, Montséret, 2017.