Appel à Communications pour la 50e Université Occitane d’Eté de la MARPOC à Nîmes : L’occitanisme, entre transmission, réappropriation et revendication politique

À l’heure où les châteaux cathares risquent de perdre leur nom, la revendication occitane est plus que jamais d’actualité.
Cependant, un état des lieux de 50 ans d’occitanisme, déjà bien engagé par une collaboration entre le CIRDOC – Institut occitan de cultura et l’INA à travers la fresque « 50 ans de borbolh occitan » : https://fresques.ina.fr/borbolh-occitan-fr, doit être poursuivi, et il nous a semblé que cette 50ème UOE pouvait en être l’occasion.
Héritier d’une tradition littéraire et historique pluriséculaire, le mouvement occitaniste s’est construit en résistance à la centralisation étatique et à l’uniformisation culturelle encore aggravée par une évolution de l’économie où les marchés financiers prennent le pas sur l’humain. Engagés dans une mondialisation dont la dynamique dominante est l’uniformisation et l’acculturation, les territoires qui composent l’espace occitan subissent des transformations profondes. De la même manière, partout dans le monde, on assiste à une disparition accélérée des langues minoritaires, à l’effacement progressif des toponymes traditionnels au profit de noms standardisés oublieux de l’histoire locale ainsi qu’à la défiguration des paysages sous l’effet de l’urbanisation massive, de l’industrialisation ou du tourisme de masse.
Cette tendance générale à l’homogénéisation ne constitue pas un simple phénomène linguistique ou esthétique. Elle touche au cœur des identités des territoires, en effaçant des marqueurs culturels et symboliques ancrés dans l’histoire, la mémoire collective et les pratiques sociales.
La disparition d’un nom de lieu, le remplacement d’une langue vernaculaire, la transformation d’un paysage ancestral, autant de pertes qui remettent en cause les liens que les habitants entretiennent entre eux et avec leur lieu de vie. Ces mutations posent de nombreux défis : politiques,  culturels, sociaux, environnementaux auxquels les acteurs locaux, les chercheurs et les citoyens tentent de répondre avec des moyens parfois limités mais porteurs de sens.
Dans ce contexte, l’occitanisme, entendu à la fois comme mouvement culturel, politique, linguistique lié à un espace plus complexe que celui des autres langues « régionales » , constitue-t-il un vecteur de réponse efficace à ces défis ? Quels rôles peuvent jouer la langue occitane, la littérature, la mémoire toponymique, les pratiques culturelles ou encore les dynamiques militantes pour enrayer la perte de diversité, pour promouvoir la démocratie ainsi que le développement et redonner sens aux espaces de vie et de circulation.
Cette UOE se propose de dresser un état des lieux critique des 50 dernières années d’occitanisme, des avancées et des obstacles et des dynamiques en cours. Elle invite également à réfléchir à l’émergence de pistes d’action ou de réflexion collective à partir d’expériences concrètes ou de propositions théoriques. Des chercheurs issus de disciplines variées – linguistique, littérature, histoire, géographie, sociologie, e, anthropologie, droit, économie, urbanisme, – ainsi que des acteurs sociaux (élus, syndicalistes, artistes, écrivains, militants associatifs) sont sollicités pour réfléchir ensemble aux formes de résistance, de sauvegarde, de transmission ou de réinvention des spécificités régionales. À travers des communications, des tables rondes, des ateliers, cette 50ème UOE propose de penser l’occitanisme comme une ressource pour le présent et l’avenir, un outil critique, une force d’invention voire de construction de projets alternatifs.
Cette UOE s’adresse à tous : chercheur-e-s, acteurs-rices du terrain, militant-es, élu-es, artistes et à toutes celles et ceux qui pensent que la diversité culturelle est une richesse à défendre.

Axes de réflexion

1.    Langue et transmission (enseignement, usages sociaux, médias et vie quotidienne)

  • Quels sont les avancées et les blocages dans l’enseignement ?
  • Quels sont les effets et les limites des changements législatifs récents (Loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion – dite « loi Molac »).
  • Comment défendre la diversité linguistique dans un monde globalisé ?
  • Quel rôle pour les médias, les nouveaux supports de communication, la signalétique dans l’espace public ?

2. Création et patrimoine (littérature, musique, arts et enjeux de patrimonialisation…)

  • Quels rôles les artistes, les chercheurs, mais aussi les habitants peuvent-ils jouer dans cette revalorisation des cultures autochtones ?
  • Quelles réponses les collectivités territoriales et les institutions peuvent-elles apporter face à l’uniformisation culturelle ?
  • La richesse de la littérature occitane étant, par son ancienneté, son caractère ininterrompu depuis les troubadours et par sa densité, ce qui distingue notre culture des autres cultures « régionales », Quel rôle la littérature occitane peut-elle jouer dans la réappropriation de notre culture ?
  • Quelles sont les nouvelles voix qui ont marqué cette littérature pendant ces 50 dernières années ?
  • Quelle est la place de la littérature vivante dans les événements culturels publics (festivals littéraires, présentation de livres, clubs de lecture…) ?
  • Comment mettre à la portée de tous l’ensemble du patrimoine littéraire occitan (voir commémorations récentes : Joan Bodon, Robert Lafont, Jòrgi Gròs, Marcela Delpastre…) ?
  • Quelles sont les avancées de la recherche dans ce domaine (colloques, revues…) ?
  • À quels problèmes se heurte l’édition et la diffusion du livre occitan ?
  • Quels liens avec le spectacle vivant, la construction de projets pédagogiques, création de BD…) ?

3. Revendication et gouvernance (mouvements politiques, identités territoriales et recompositions régionales)

  • La décentralisation et la régionalisation constituent-elles des réponses satisfaisantes à la revendication occitane ?
  • Comment traiter l’écart entre l’espace de la langue occitane et les entités politiques diverses qui le composent ? Comment notamment contrer le risque d’éclatement linguistique de la langue ?
  • Une plus grande autonomie des régions permettrait-elle une meilleure prise en compte des aspirations de la revendication occitane ?
  • L’occitanisme est-il toujours en phase avec les mouvements sociaux ?
  • Comment l’occitanisme peut-il porter les germes d’un projet de société résilient, critique et créatif ?

 4. Regards comparatifs: expériences de revitalisation linguistique et culturelle dans d’autres régions de France, d’Europe ou du monde.

Modalités de soumission

  • Les propositions de communication (titre, résumé de 3 000 à 5 000 signes, 3 à 5 mots clés, courte notice bio-bibliographique) sont à adresser avant le 30 janvier 2026 à marpoc30@gmail.com.
  • Les communications pourront être présentées en français ou en occitan, d’une durée de 30 à 45 minutes.
  • Les auteur.rice.s seront informé.e.s des décisions du comité scientifique avant le 14 mars 2026.
  • Les communications sont à présenter à Nîmes (ou éventuellement en visioconférence) lors de l’Université Occitane d’Eté entre le 2 et le 5 juillet 2026.
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