8-07-25 – Audience FELCO – Inspectrice Générale en charge des Langues Vivantes – Langues et Cultures Régionales, Michèle Andreani

La délégation de la FELCO était composée de

  • Laure Bonnet, du CREO Auvernhe – association académique pour l’Académie de Clermont –, trésorière adjointe de la FELCO
  • Olivier Pasquetti, de l’APLR– association académique pour l’Académie de Nice –, président de la FELCO
  • Marie-Jeanne Verny, du CREO Lengadòc – association académique pour l’Académie de Montpellier –, cosecrétaire de la FELCO

En introduction, Mme Andreani nous informe que les nouveaux programmes ont été déposés la veille au Conseil Supérieur des Programmes avec intégration de certains amendements qui prennent au moins partiellement en compte les suggestions de la FELCO (voir https://www.felco-creo.org/29-05-25-programmes-occitan-langue-doc-la-felco-sadresse-a-la-dgesco/).

Situation globale de l’enseignement

Mme Andreani évoque le dossier préparé par la FELCO (voir https://www.felco-creo.org/wp-content/uploads/2023/11/2311-05-dossier-FELCO-corrige-5-nov-23.pdf), complété par un document récent reprenant les effectifs académie par académie2507-17-FELCO – Efectius 2025. Elle félicite la FELCO de ce travail dont elle aimerait avoir l’équivalent pour les autres langues.

La FELCO souligne l’écart entre l’offre d’enseignement effective et les objectifs de l’article 7 de la loi dite « Molac » (désormais article L. 312-11-2 du Code de l’Éducation) qui évoque « le but de proposer l’enseignement à tous les élèves » ; elle rappelle les inégalités qui demeurent sur l’ensemble de l’espace occitan. Certaines sont en charge de deux langues régionales (Montpellier, Bordeaux). Les dispositifs de formation sont très divers d’une académie à l’autre. Les effectifs sont variables et sont souvent liés aux ressources humaines dont chaque académie dispose. Par le biais du dossier réalisé en 2023, il déplore également les différences de traitement entre les langues régionales, les académies occitanes ne disposent pas d’un nombre de postes au CAPES comparable à celui d’autres langues régionales dont l’espace est beaucoup plus restreint.

Mme Andreani répond que les situations politiques sont diverses d’une zone à l’autre.

L’exemple est pris par la FELCO d’une académie sinistrée, Clermont-Ferrand.

Seul un département, le Cantal, bénéficie de postes dans l’enseignement public : 1,5 ETP pour le primaire, 1 ETP pour le secondaire. Environ 3000 élèves bénéficient de cette sensibilisation, qui ne peut pas être réellement qualifiée d’enseignement à une ou deux exceptions près mais dont le succès révèle une vraie attente sociale qui demanderait d’autres moyens. Dans cette académie, aucun poste n’est dédié à la formation, initiale ou continue, des enseignants, il n’y a pas de formation à l’Inspé, pas de conseiller pédagogique spécifique. Le manque de ressources humaines est mis en avant depuis de nombreuses années. Le groupe de travail départemental du Cantal – seul département où ce dispositif existe – a tenté de répondre cette année en élaborant un questionnaire académique pour les enseignants du premier degré et du second degré afin de recenser les personnels déjà formés ou prêts à se former.

Les conditions de travail demandent aux personnels de l’adaptabilité et une grande mobilité, ce qui fragilise les enseignants en poste. L’enseignant du second degré intervient sur six établissements, sur la moitié ouest du département, ce qui précarise d’autant plus son travail au sein des différentes équipes pédagogiques. Ces dernières années, les effectifs d’élèves n’ont cessé de progresser, avec une augmentation de 1000 élèves en 5 ans. Mais le manque de ressources humaines pourrait entraîner un ralentissement de cette progression. En cette fin d’année, le collège de St-Cernin, ne pouvant accueillir les 46 élèves inscrits en 6ème bilangue à la rentrée prochaine, a fait le choix – dont la FELCO conteste la légitimité, pour ne pas dire la légalité – de sélectionner 26 élèves. Aucune solution n’a été apportée aux 20 élèves qui n’ont pas été admis. Cette situation est d’autant plus malheureuse qu’elle pourrait écarter du dispositif les élèves ayant des besoins particuliers et qui sont très volontaires lors des interventions en occitan. Encore un exemple flagrant de non-respect de l’article L. 312-11-2 du Code de l’Éducation.

Mme l’Inspectrice Générale rappelle que les projets d’inclusion et de mixité sociale sont force de propositions pour l’enseignement des langues régionales mais aussi que le fait que les langues régionales sont une plus-value à mettre en avant dans l’intercompréhension des langues romanes.

La FELCO rappelle que certaines académies (exemple de Nice) organisent des modules de formation dans le cadre des Ecoles Académiques de Formation Continue en visio ou en présentiel qui permettent aux enseignants de prendre confiance et de se relancer dans l’enseignement des langues régionales voire de la découvrir et de recevoir ainsi un apprentissage de base.

Mme Andreani évoque également les formations d’initiative locale demandées par le chef d’établissement qui sont ensuite proposées à l’équipe pédagogique.

Elle propose de passer par l’EAFC de Clermont-Ferrand. Elle suggère de proposer différentes formations qui s’adapteraient aux besoins des enseignants : linguistique, culturelle, didactique… Elle insiste sur le fait d’offrir une visibilité plus large aux langues régionales, en particulier au sein des autres LVE. Elle évoque la possibilité de créer des formations interlangues à des fins didactiques mais aussi de s’appuyer sur les formations existantes et de les transposer à l’occitan. 

Elle contactera les IA-IPR pour leur proposer une formation et nous informe qu’elle souhaite, dès la rentrée 2025, s’entretenir avec l’ensemble des recteurs.

Réforme des programmes

La FELCO rappelle que les nouveaux programmes sont une mine pour les enseignants. Pour autant, la délégation évoque le manque et le besoin de documents pédagogiques.

Mme Andreani nous informe qu’un vade-mecum est en cours de préparation. Il contiendra des exemples de séquences. Sa rédaction doit encore être finalisée. Elle pense pouvoir être davantage disponible à la rentrée pour animer le réseau d’IA-IPR et explique sa volonté de les accompagner dans la mise en œuvre de ces nouveaux programmes. Elle rappelle que les enseignants n’ont pas seulement besoin de documents pédagogiques, mais aussi de bases, de sources de documents… Elle fait allusion à la tenue du dernier Conseil Supérieur de l’Enseignement la semaine dernière, et revient sur le texte définitif des nouveaux programmes.

Les représentants de la FELCO évoquent la situation de l’académie d’Aix-Marseille où un groupuscule fait pression pour que soit imposée la seule graphie mistralienne aux enseignants. Cette ingérence dans une question qui devrait relever du domaine scientifique et pédagogique crée dans l’Académie une situation d’insécurité qui nuit aux conditions de travail et aux bonnes relations entre les collègues, qu’ils soient de formation « occitane » ou mistralienne. La FELCO rappelle la formulation proposée dans son courrier à la DGESCO, selon laquelle, en Provence : « coexistent deux traditions graphiques, légitimées par la création littéraire et artistique et par les travaux scientifiques, la tradition dite mistralienne et la tradition dite occitane ou classique. Ces deux traditions doivent être respectées, l’enseignant pouvant s’appuyer sur celle qui lui est la plus familière. »

L’inspectrice générale confirme que la formulation retenue dans les nouveaux programmes fait état de l’acceptation de l’utilisation des deux graphies.

Réforme des concours

La délégation aborde le sujet des nouvelles maquettes liées à la réforme des concours. Elle rappelle que les options « langues régionales » ont disparu du concours « général » depuis 2006. Or, dans les nouvelles maquettes, une LVE est imposée à chaque candidat. Pourquoi cette réduction aux LVE et pas la possibilité d’une LVR ? Une nouvelle fois, il est question des inégalités qui existent entre les différentes académies occitanes : toutes ne proposent pas l’occitan dans leur cursus de formation, toutes ne proposent pas l’organisation d’un CRPE spécial « langues régionales ». La FELCO dénonce le problème de légitimité que cela pose pour ces langues régionales qui, contrairement aux langues étrangères, ne bénéficient pas d’une « zone de protection ». Par ailleurs, force est de constater que les étudiants qui s’inscrivent, après le bac, dans les nouvelles licences professionnelles, ne bénéficient pas d’un horaire de formation linguistique suffisant pour enseigner l’occitan, et en occitan. Ce niveau linguistique a terriblement fondu par rapport à la formule antérieure : licence LLCER occitan, suivie de deux ans de Master MEEF spécifique.

La FELCO déplore à ce sujet la perte d’enseignants formés pour enseigner en classe bilingue, qui, notamment parce qu’ils se sentent en situation d’insécurité linguistique, préfèrent changer de poste et délaissent ainsi les cursus bilingues où la demande est pourtant extrêmement forte.

 

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