Appel à communication : la revendication des « minorités régionales » depuis 1945, en Occitanie et ailleurs.

Le colloque, organisé par les occitanistes de l’équipe de recherche ReSO – Université Paul-Valéry Montpellier 3 se tiendra les 07 et 8/12 2023.

Bien sûr, la revendication des « minorités régionales » ne commence pas avec la fin de la Seconde guerre mondiale – on pourrait remonter en fait jusqu’à la première moitié du XIXe siècle. L’année 1945 ouvre néanmoins une période nouvelle dans son histoire. Pour ce qui concerne la revendication occitane, et ses militants, de gauche à droite et dans tous les domaines, la guerre a obligé à la remise en cause de certains choix antérieurs – comme l’adhésion, largement partagée au départ, à un régime vichyste qui semblait faire une place à la dimension « régionaliste » avant de décevoir. Dès lors, la dimension politique de la revendication (fédéralisme, décentralisation…) marque le pas au moins pour quelques années, au profit d’une revendication purement culturelle qui s’inscrit explicitement dans le cadre national français tel qu’il fonctionne. Jusqu’au moment, dans les années 1960, où le politique revient, sous une forme différente de celle qui avait été la sienne auparavant.

Seconde innovation, liée d’ailleurs à la précédente : la fin d’une revendication occitane incarnée par une seule association, le Félibrige. Si un certain nombre des acteurs du nouvel occitanisme ont pu être félibres avant la guerre, les années qui suivent la naissance de l’Institut d’études occitanes (IEO) marquent l’amorce d’une véritable rupture – avant qu’au fil des ans d’autres ruptures affectent, à son tour, cet occitanisme nouveau-né en 1945, et sans que cette rupture empêche le Félibrige de poursuivre sa propre histoire.

Dans toutes ses composantes, et dans toutes les contradictions qui la traversent, la mouvance « occitane » doit penser et gérer un certain nombre de problèmes qui se posent à la langue et à la culture dont elle se dit porteuse :

  • Face au repli, de plus en plus accentué, de la pratique réelle de la langue dans la société méridionale, quelles stratégies ? La lutte pour la langue à l’école, ancienne, obtient en 1951 une première victoire partielle avec la loi Deixonne. Mais est-ce la seule lutte à mener ?
  • La prise de conscience de l’inégal développement entre régions françaises au cours des Trente Glorieuses amène un certain nombre d’acteurs à prendre en compte des dimensions de la vie du pays d’oc jusqu’alors négligées, et à en tirer des conséquences en termes de formulation de revendications de type nouveau. Comment analyser ces revendications, et comment mesurer leur impact en société ? Quelle est la portée exacte des contacts qui peuvent se nouer avec telle ou telle lutte sociale ou sociétale ? (viticulture, Larzac, Ladrecht…)
  • Comment le mouvement aborde-t-il la situation nouvelle créée par l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, face à la loi de décentralisation de 1982, par exemple ?
  • D’une étape à l’autre, ce sont des générations successives, avec une relation à la langue et une culture politique différentes, qui prennent en main la revendication : quelles conséquences sur la façon dont cette dernière évolue ?

Si pour des raisons évidentes c’est le mouvement occitan qui est au centre de ce colloque, il n’est pas possible de ne pas le resituer dans un cadre plus général, en particulier l’existence à la même époque de mouvements revendicatifs dans plusieurs régions françaises, de la Bretagne au pays Basque, à la Corse ou à la Catalogne nord Il conviendra donc, avec l’aide de spécialistes de ces zones, de comparer l’évolution de la mouvance occitaniste et celle de ces mouvements, qui certes partagent avec elle une même appartenance au monde français, mais se développent dans d’autres contextes régionaux, à partir d’histoires et de modalités d’action différentes.

Calendrier et modalités de soumission

Les propositions de communications adressées à Yan.Lespoux@univ-montp3.frPhilippe.Martel@univ-montp3.frMarie-Jeanne.Verny@univ-montp3.fr seront reçues jusqu’au 30 mai 2023. Elles auront la forme d’un fichier de 2000 à 4000 signes, format word (ou équivalent), comprenant titre et résumé de la communication, attaché au courriel, suivi d’une courte présentation de l’auteur et, le cas échéant, d’une bibliographie indicative.

 

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